« Ce qui est racontable et analysable en philosophie première, c’est le progrès des négations secondes, toutes partitives et hypothétiques, parce que toutes présupposent la positivité de la pensée négative elle-même… Il n’y a plus rien à dire que la dernière, seule effective et décisive et suffisante, car elle est une extinction soudaine et un Presque-rien instantané. L’ultime suppression de l’ultime vérité ne parachève pas à proprement parler l’ouvrage commencé par les précédentes, et les précédentes ne commencent même pas l’œuvre nihiliste, le passage de quelque chose à rien s’effectuant d’un seul coup dans ce désespoir ultramicroscopique qu’est l’éclipse de la pensée le coup de grâce de la syncope intuitive est donc hors série, comme est hors série le dernier soupir de l’agonisant, celui qui n’est pas seulement le moment final, mais la fin tout court. »
(V. Jankélévitch)
Paru initialement en 1954 et réédité pour la troisième fois, Philosophie première occupe une place décisive dans l’œuvre de Jankélévitch. Du problème de l’origine radicale à la question du je-ne-sais-quoi, l’auteur nous introduit ici à cette philosophie du presque, de l’ineffable, qui forme le nœud de sa quête métaphysique.