Pourquoi s’intéresser aujourd’hui à la distinction entre croire et savoir, dix ans après la première édition du livre ? La science ne s’est-elle pas libérée, depuis l’énoncé du postulat d’objectivité par Galilée et Descartes au XVIIe siècle, du joug de la théologie et de la religion ? Ces deux penseurs n’ont-ils pas proscrit, dans l’activité scientifique, les causes finales ? Si l’on considère l’ampleur du mouvement créationniste qui veut s’immiscer dans l’enseignement des sciences et dans la théorie et la pratique scientifiques, on peut se dire qu’il est important de rappeler que la science et le domaine de la foi ont des droits séparés, que la première est l’indispensable instance cognitive du savoir sur les choses, les processus, les phénomènes, que la seconde ne saurait posséder aucun privilège ni préséance quant à ces savoirs.
Revenir aux moments de la formulation du postulat d’objectivité – lors de l’essor des sciences modernes puis des révolutions de la pensée mues par le mouvement des Lumières, notamment à travers les fermes résolutions d’Émilie du Châtelet – pour enquêter sur la manière dont la science s’est construite par l’affirmation de son indépendance à l’égard de toute référence à Dieu se révèle fort utile pour contrecarrer les tentatives de brouiller les cartes entre croire et savoir.
La triste et trouble période que nous vivons, celle d’un réarmement théologique des obscurantistes, celle du scepticisme irraisonné, rend ce livre d’une utilité, voire d’un soutien indispensables.