La « Passion du Christ » est aussi une question posée à la philosophie. Éminemment. Qu’elle y fut traitée en sympathie, dans l’hostilité ou par indifférence, elle constitue une donnée éclatante de l’histoire des idées dont Hegel, Nietzsche, Blondel et Simone Weil ont été, à cet égard, les jalons prestigieux. Mais le Christ en croix, scandale pour les juifs, folie pour les païens, sagesse de Dieu, ne cesse pas de décliner en écho aux mots privilégiés de saint Paul son ambivalence fondatrice. Par-delà le débat de la philosophie chrétienne des années 1930, le signe de contradiction interroge plus que jamais sur ce qu’il fait à la philosophie, à son exercice et à ses objets.
Dans son ouvrage de 1954 ici réédité, Stanislas Breton en répond de manière anticipée et avec un incomparable génie. Par les thèmes et les concepts qu’il y déploie — mort de Dieu, croix et absolu, malédiction et vie, raison et mystère, obéissance et consentement, pensée et « agapè » — c’est une des plus extraordinaires méditations philosophiques contemporaines qu’il nous aura léguée