Le Traité de la Réforme de l’Entendement et le Court Traité représentent les premières rédactions de la pensée de Spinoza. Le philosophe y constitue sa problématique et son langage à la fois en utilisant les doctrines et les lexiques existants et en construisant les moyens effectifs de s’en libérer. À ce titre, l’intérêt de ces deux textes est triple : ils ont une thématique propre, fortement articulée et dont les architectures conceptuelles doivent être analysées pour elles-mêmes, qui
donnent un sens nouveau à la réflexion sur Dieu, la connaissance, les affects et les relations entre les hommes ils permettent aussi de mieux reconstituer l’itinéraire qui conduit à l’Éthique et aux deux Traités consacrés à la vie politique enfin, ils donnent à lire les prises de position de Spinoza dans les débats de la nouvelle philosophie de l’âge classique, notamment avec Descartes et face à Descartes — c’est toute l’insertion d’une nouvelle pensée dans le monde des sciences, des réflexions sur leur méthode, de l’analyse de la vie affective et sociale, des questionnements sur l’itinéraire de l’individu et sur son rapport avec le Souverain Bien. En un temps marqué violemment par la révolution scientifique, les crises politiques et les conflits d’aspirations religieuses multiples, on voit ici s’élaborer les deux premières étapes d’une interrogation sur la Nature, la puissance et la Raison.
Ce volume est le premier dans l’ordre, mais le troisième à paraître de l’édition des Œuvres complètes de Spinoza, comprenant un nouvel établissement du texte, une nouvelle traduction annotée et des instruments de travail — glossaires, index et appendices — qui rendent accessible l’état actuel de la recherche.