Le magnifique impératif de Saint-Just, « il faut que vous fassiez une cité, c’est-à-dire des citoyens qui soient amis, hospitaliers et frères », côtoie un décret qui exclut les étrangers de l’espace politique : tout en affirmant l’universalité du droit qui la fonde, la nation souveraine construit ses limites.
Analysant le regard de la Révolution française sur les étrangers, Sophie Wahnich a saisi, dans ce livre publié en 1997, des questions qui ne cessent de se poser aujourd’hui à la conscience politique. Car revenir sur cette période, ce n’est pas seulement revenir à un fondement, mais aussi à un nœud de l’histoire. La Révolution française hérite sans s’en défaire d’une histoire fondamentalement hostile à ceux qui n’appartiennent à aucune communauté ou qui, simplement, en déplacent les habitudes et les règles. Entre héritage révolutionnaire républicain et appel à la communauté, il s’agit de comprendre les problèmes de notre république pour relancer avec lucidité les dés de l’universel.