Parmi sa vaste bibliographie, les deux livres majeurs de Slavoj Zizek sont certainement Le sujet qui fâche et La parallaxe. Ces deux livres ont un point commun : chacun d’eux est à lire comme un commentaire et un développement d’une sentence de Lacan. Le premier, Le sujet qui fâche (The Ticklish Subject), se termine sur cette injonction tirée de l’Ethique de la psychanalyse : « Il ne faut pas céder sur son désir ». Le second, La parallaxe (The Parallax View), se présente explicitement comme une tentative de tirer les conséquences de cette phrase du dernier Lacan : « Il n’y a pas de Grand Autre. »
Comme on le voit, ce sont deux phrases de tournure négative : avec la première, Zizek développe autour d’elle une théorie du sujet comme négativité absolue, ancrée dans ce que Hegel a appelé « la nuit de l’esprit », autrement dit le noyau de folie insondable de la subjectivité. Il en découle que celle-ci est irréductible à tout ordre d’être « positif », d’où l’impossibilité d’objectiver le sujet, et, (conséquence politique), de le plier définitivement à un ordre politique quelconque.
Ces deux livres forment, selon nous, un diptyque de ce qu’on peut appeler l’anti-métaphysique 1 de Zizek, ou encore, dirions-nous, son ontologie négative : le réel est incohérent, la subjectivité est « folle » – d’où une coïncidence, mais par la négative, du réel et du sujet du désir. L’enjeu est pour Zizek de dégager, à partir de la philosophie et de la psychanalyse, une théorie politique révolutionnaire.
Nous nous en tiendrons dans cet article au premier livre, le Sujet qui fâche, en restituant l’essentiel du propos 2.
Le sujet qui fâche
Ce livre s’ouvre sur une critique des théories qui s’opposent au Sujet, en réhabilitant celui-ci dans son unité primordiale, en deçà de ses différentes modalités (réflexive, sexuelle, économique…). Arraché à sa déconstruction (ou son dépassement), le sujet y est réaffirmé comme porteur d’une négativité radicale, traversant tout le champ social et politique.
En quel sens le sujet est-il donc, aujourd’hui, le sujet qui fâche ? « Cet ouvrage s’efforce de réaffirmer le sujet cartésien, dont le rejet forme le pacte tacite conclu par tous les partis qui s’affrontent aujourd’hui dans le monde intellectuel : ces orientations ont beau se livrer officiellement une lutte à mort (habermassiens contre déconstructionnistes, scientifiques cognitivistes contre obscurantistes New Age…), tous sont unis dans leur rejet du sujet cartésien. » 3
Zizek ne prétend pas simplement revenir à Descartes et au sujet comme transparence de la conscience à elle-même (certitude immédiate du « je pense ») mais mettre en lumière le moment de folie propre à la subjectivité, sa dimension excessive, transgressive et subversive.
C’est d’abord par l’étude serrée de certains passages décisifs de Kant, Hegel et Schelling que Zizek va en fait étudier la subjectivité et son envers fou, par une véritable excursion dans les sous-sols de l’idéalisme allemand.
Le noyau de folie de l’imagination
C’est Heidegger qui aurait le premier véritablement reculé devant les conséquences dernières de la subjectivité ; c’est ainsi que Zizek interprète son célèbre tournant interprétatif, la Kehre, comme un repli sur la métaphysique 4. « En réalité, ce que Heidegger a rencontré dans le cheminement d’Etre et Temps, c’est l’abîme de la subjectivité radicale annoncée par l’imagination transcendantale kantienne, et il a reculé devant cet abîme, pour se plonger dans sa pensée de l’historicité de l’Etre. »
Zizek insiste sur le mystère de l’imagination transcendantale : celle-ci n’est ni phénoménale (elle n’est pas donnée dans l’expérience) ni nouménale, comme la spontanéité. Cette imagination semble coincée quelque part entre les deux, dans un impossible entre-deux. Le texte convoqué ici est un sous-chapitre de la Critique de la raison pure, « Du rapport sagement proportionné des facultés de connaître de l’homme à sa destination pratique ». Ce rapport reste sage précisément parce que la connaissance n’atteint pas au noyau nouménal de notre être : si c’était le cas, dit Kant, nous serions directement mis face à la divinité, et face à elle, loin de devenir pleinement libres, nous serions réduits à l’état de marionnettes impuissantes. La limitation de la raison pure préserve ainsi notre essentiel noyau de liberté.
Et cet écart entre le phénoménal et le nouménal (écart qui précède en fait leur constitution respective), c’est le sujet lui-même. Détaillant les synthèses effectuées par le « je pense » pour constituer l’expérience, Zizek repère chez Kant une faille, ou du moins un flottement : l’imagination opère une première synthèse, celle du divers des impressions sensibles, en les rassemblant en perceptions, puis l’entendement unifie celles-ci sous ses concepts. Mais la synthèse de l’imagination n’est-elle pas une opération plus primordiale ?
C’est ici le passage crucial du livre, et le plus difficile : « Pour le dire en termes de genre et d’espèce, la force de l’imagination n’est-elle pas l’ultime mystère impénétrable de la spontanéité transcendantale, la racine de la subjectivité […] ? » Le propos se précise avec Hegel : Zizek va en réalité identifier strictement le pouvoir de l’entendement et le pouvoir de l’imagination, en s’appuyant d’abord, pour l’imagination, sur un passage de la Phénoménologie de l’Esprit, qui est la formulation de l’effroi fantastique à l’état pur : « L’homme est cette nuit, ce néant vide, qui contient tout dans la simplicité de cette nuit […] C’est la nuit tout autour ; surgit alors subitement une tête ensanglantée, là, une autre silhouette blanche, et elles disparaissent de même. C’est cette nuit qu’on découvre lorsqu’on regarde l’homme dans les yeux –on plonge son regard dans une nuit qui devient effroyable. » 5
Puis pour l’entendement, Zizek s’appuie sur cet autre passage de la Phénoménologie, très célèbre où cette faculté est consacré comme toute-puissance de division et de séparation : « L’activité de diviser est la force de travail de l’entendement, de la puissance la plus étonnante et la plus grande qui soit, ou plutôt de la puissance absolue […] L’esprit est cette puissance seulement en sachant regarder ce négatif en face, et en sachant séjourner auprès de lui. Ce séjour est le pouvoir magique qui convertit le négatif en être. Ce pouvoir est identique à ce que nous avons nommé plus haut sujet. »
Mais laquelle des deux facultés déchire (analyse) la multiplicité des sensations et laquelle la rassemble (synthétise) dans une unité ? Zizek finit par conclure de cette façon : la notion même de multiplicité du sensible est elle-même le produit de l’imagination : « Cette « multitude » présynthétique est ce que Hegel décrit sous le nom de « nuit du monde », cette « indiscipline » de l’abyssale liberté du sujet qui fait violemment exploser la réalité en un flot dispersé de membra disjecta. » 6 C’est pourquoi l’imagination synthétique repose elle-même sur le pouvoir de l’imagination pure, en sorte qu’on ne sort pas du « cercle de l’imagination ». Et ce cercle est le Sujet lui-même.
Ainsi le pouvoir de l’imagination est-il en réalité strictement le même que celui de l’entendement, à savoir d’introduire la négativité absolue dans l’être, de déchirer toute perception pour les soumettre à la violence de l’opération de l’aperception pure. Sans cette violence synthèse, le sujet ne pourrait pas former d’expérience, par recomposition de ce qui a d’abord été divisé.
Le paradoxe de ce sujet est d’avoir accès à lui comme conscient sur fond d’une incohérence fondamentale qui n’est autre que son inconscient : le sujet ne se constitue que dans une obscurité face à lui-même. L’acte même d’émergence violente de la conscience doit être refoulé, et l’inconscient est ce refoulement lui-même.
Toutefois, définie ainsi comme pur pouvoir perturbateur, la subjectivité semble n’être que négative ; que reste-t-il du sujet si, en son fond, il est fondamentalement négation et destruction de ce qui est ? Quelle réalité peut-il effectivement avoir ? « Ce « rien » tient au fond lieu du sujet lui-même : il est le signifiant vide sans signifié, qui représente le sujet. Aussi le sujet n’est-il pas directement inclus dans l’ordre symbolique : il y est inclus au point précis où la signification s’effondre. » 7
L’acte vide de la subjectivité
La suite du livre explore les conséquences de cette cette négativité. Reprenant les analyses hégéliennes consacrées à la vie éthique, Zizek voit cette négativité à l’œuvre dans l’arrachement de l’individu à sa communauté d’origine, pour rejoindre l’ordre de l’universel, puis se réinsérer dans sa communauté (famille, travail, amis…) mais en ayant intégré ce moment d’arrachement, changeant ainsi le sens même de cette vie particulière. Le pouvoir de la subjectivité est fondamentalement un pouvoir perturbateur ; il participe de ce « travail du négatif » : le sujet brise, divise, toute substance donnée immédiatement pour lui imposer violemment un contenu universel. Quand je reviens dans la communauté d’où je suis parti, je ne suis plus le même homme, car je suis devenu individu et citoyen universel.
Quoique le sujet se constitue bien par l’événement d’une rupture « sauvage », il continue toutefois de vivre dans la vie quotidienne, paisible, « domestique ». Une discussion directe les thèses de Badiou sur l’événement de Vérité, comme rupture de l’ordre linéaire de ce qui est. Ceci lui permet de cerner l’aspect révolutionnaire de l’entreprise paulinienne : le Christ comme Sujet est l’événement violent qui brise la communauté juive et plus encore, selon Badiou et Zizek, le christianisme paulinien serait assimilable à une communauté révolutionnaire, de type léniniste ou même, toujours selon Zizek, de type psychanalytique ! On laissera le choix à chacun de se faire un avis sur ces rapprochements…
Il reste que Zizek pointe, dans ce chapitre et le suivant, une limite des penseurs de la gauche radicale (Badiou, Rancière, Balibar, entre autres), qui reconduit en fait un dualisme de Heidegger : d’un côté, la vie authentique selon l’Evénement de Vérité (Dasein résolu), de l’autre, l’ordre de l’être (Dasein irrésolu, immergé dans la quotidienneté médiocre), ou dans le langage de ces penseurs de gauche, encore l’action politique véritable et le règne de l’ordre social et de la « police ». Dans les deux cas, l’inauthentique s’oppose à un ordre authentique supérieur. Ce que met en avant Zizek, c’est que la vie quotidienne n’est pas nécessairement le contraire de la vie authentique, dès lors qu’elle a été perturbée par l’événement de vérité et qu’elle travaille au quotidien à le soutenir. Au quotidien, le leader politique travaille dans des occupations sans gloire, il se salit les mains, il accepte d’occuper la position du pouvoir, mais il faut cela pour qu’un projet authentique avance… « Telle fut la grandeur de Lénine : […] il assuma héroïquement la tâche coûteuse de diriger effectivement l’Etat –de faire tous les compromis nécessaires, mais aussi de prendre les dures mesures nécessaires et de faire en sorte que le pouvoir bolchévik ne s’effondre pas. » 8 Le sujet vient donc se glisser entre la quotidienneté et l’authenticité, comme acte qui perturbe cette opposition.
Et on comprend du même coup que ce que Zizek reproche à Heidegger, c’est son conservatisme : c’est d’être passé immédiatement du constat de la médiocrité de la civilisation moderne (règne de la foule, anonymat, irrésolution…) au retrait dans la contemplation extatique de l’Etre (vie dans la cabane de la Forêt Noire, retrait dans une nature immémoriale, en allant tirer l’eau au puits etc.) sans avoir envisagé une position qui serait à la fois ancrée dans la quotidienneté et en même temps, résolue et politique ; autrement dit une forme de publicité qui ne serait pas le dévoiement du Dasein, ou encore : l’action politique révolutionnaire.
La négativité pure du sujet est donc foncièrement politique, et c’est ainsi qu’on peut comprendre qu’elle ne soit rien de positif, tout en n’étant pas un pur mirage ou un simple retrait dans la vie intérieure : « Cette irruption de la négativité abstraite possède de nombreux noms, de la Chute d’Adam jusqu’à la Révolution française, en passant par Socrate et la crucifixion du Christ : dans tous les cas, un geste négatif a corrodé l’ordre (social) substantiel donné pour fonder un ordre supérieur plus rationnel. » 9
Sujet du désir, sujet de la pulsion
C’est pourquoi Zizek conteste la vision foucaldienne du sujet, selon lequel celui-ci serait une formation de pouvoir qui est toujours déjà soumis à ce pouvoir, même quand il y résiste. Le mécanisme propre du pouvoir est bien de nous constituer en sujets, par ce que Althusser a nommé l’interpellation idéologique. Zizek dit que nous sommes appelés à être des sujets par rapport à un ordre symbolique qui nous dépasse, ce que Lacan nomme le Grand Autre. Mais cette interpellation a pris un tour nouveau dans le monde contemporain : « N’est-ce pas un fait qu’aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes, en tant qu’individus, interpellés sans même en avoir conscience : notre identité est constituée pour le grand Autre par une série de fichiers d’information digitalisées (médicales, policières, éducatives…) dont, pour la plupart, nous n’avons pas conscience, si bien que l’interpellation fonctionne (détermine notre place et notre activité dans l’espace social) sans aucun geste de reconnaissance de la part du sujet concerné ? » 10
S’appuyant sur Judith Butler, Zizek concède que, face à cet ordre social, la résistance ne peut pas venir simplement du site de l’Inconscient. Il faut en fait distinguer deux types de sujet : le sujet du désir et le sujet de pulsion : « Alors que le sujet de désir est fondé sur le manque constitutif […], le sujet de pulsion est fondé sur un surplus constitutif, c’est-à-dire sur la présence en excès d’une Chose intrinsèquement impossible, et qui ne devrait pas être là, dans notre réalité présente – la Chose qui est, bien sûr, le sujet lui-même. » 11
Or, le pouvoir s’appuie non seulement sur un ordre réglé légalement mais aussi sur l’attachement des sujets à cet ordre, c’est-à-dire sur un soubassement de désir qui est aussi un surcroît obscène, sans lequel l’ordre symbolique ne pourrait pas perdurer : pas d’obéissance sans désir d’obéir. Mais de ce fait, le sujet constitue bien une résistance potentiel, en tant qu’il est « travaillé » par ce surcroît ex-time de la pulsion (ex-time en tant que c’est en lui plus que lui-même) et qu’il peut s’y soumettre mais aussi bien choisir d’affrontement directement ce noyau traumatique logé en lui, et accomplir ainsi un acte de rupture violente. Le surcroit obscène de la soumission se transmue alors en surcroît révolutionnaire.
L’acte « par delà le Bien »
Le Sujet, en tant qu’irruption violente de l’universel éthique dans l’ordre « naturel » de l’être, est aussi par là même directement politique. La condition du sujet est bien, la plupart du temps, d’être assujetti, domestiqué pour vivre dans le monde quotidien ; mais ce sujet est aussi un foyer d’insurrection. En ce sens, comme nous l’avons vu, l’obéissance au pouvoir ne se fait pas sans désir. Dès lors, il est faux de croire que les pouvoirs coercitifs répriment le désir : bien au contraire, ils se soutiennent de lui. Zizek est ici proche de Foucault et Deleuze mais il maintient une figure subversive de la subjectivité –qui n’est certes plus le sujet cartésien, mais le sujet « fou », « sauvage » qu’il a mis au jour à partir de l’idéalisme allemand.
Le propos du livre se place au croisement de la philosophie et de la psychanalyse : selon Zizek, le but de l’analyse n’est pas de déterrer les motifs inavouables pour lesquels j’accomplis un acte soi-disant noble et libre ; c’est au contraire d’aider le sujet à assumer son acte et à ne pas se décharger de sa liberté en invoquant des motifs triviaux. Zizek prend ainsi l’exemple d’une affaire ayant fait scandale, celle de Mary Kay Letourneau, institutrice américaine qui avait couché avec l’un de ses élèves, âgé de treize ans (et avait eu deux enfants de lui). Zizek dit qu’on a condamné Mary Kay soit pour des raisons morales, soit en la faisant passer pour une folle, mais sans jamais considérer que cet acte pouvait aussi bien être une décision résolue, à la fois pleinement consciente (désirée) mais « inconsciente » (folle), comme si le sujet ne se constituait lui-même que dans le risque de sa perte. « Le paradoxe de l’acte réside donc dans le fait que, bien qu’il ne soit pas « intentionnel » au sens habituel du terme, celui de le vouloir consciemment, il est néanmoins accepté comme quelque chose dont son agent est pleinement responsable : « Je ne peux faire autrement, et pourtant je suis pleinement libre de le faire. » » 12
Le sujet du désir
L’acte de la subjectivité est un geste esthétique (au sens où il émane de l’opération violente de l’imagination transcendantale) et immédiatement éthique, puisqu’il me confronte à la question de savoir ce que je suis capable d’accomplir comme travail sur mes pulsions et à quel point je veux désirer ; enfin, il est politique, car il peut bouleverser l’ordre social, en tant que le sujet est ce lieu vide inclus dans l’ordre symbolique, mais à sa limite. Et même si vous cédez sur votre désir, dit Zizek, c’est encore que vous cédez au désir d’autrui : même l’obéissance à un chef fasciste est soumission à son désir obscène, jouissance de pouvoir transgresser au nom de l’idéal de l’autre. L’injonction officielle, « noble », se dédouble toujours d’une voix souterraine ignoble : rejoignez le fascisme, pour régénérer la culture et changer le monde… et puis, vous verrez comme ce sera bien, d’être violent, de dévaliser les magasins et de pouvoir taper sur les gens qui nous gênent …
En ce sens, accéder au politique, c’est accéder à son désir, c’est lui rester fidèle. Echouer à se constituer comme sujet, c’est céder sur son désir. Une telle éthique est selon l’auteur, qui reprend Lacan, « par delà le Bien ». Le désir est au-delà du Bien.
Non pas « par delà bien et mal », mais juste « par delà le Bien », c’est-à-dire au-delà de ce qu’il est considéré généralement bon de faire, et qu’il est possible habituellement de faire.
Ce que souligne Zizek, c’est la formation du sujet comme acte vide qui n’est pourtant pas rien du tout, sans qu’il s’inscrive pour autant dans l’ordre positif du monde.
On serait alors tenté de dire qu’un tel acte de subjectivation restera purement formel s’il ne se remplit pas d’un contenu positif. Cependant, ce contenu n’est pas extérieur à l’acte lui-même et il n’est donc jamais donné d’avance. Tout ce que peut faire le philosophe, ce n’est pas de nous dire ce que nous devons désirer, c’est de nous inciter à être résolus dans ce que nous faisons, à ne pas reculer devant la dimension bouleversante du désir. Oser obéir à un « Tu peux ! » qui n’émane d’aucune figure du Maître et qui est le risque d’un geste négatif par rapport à tout ce qui se peut déjà 13. Libérer le désir n’est pas synonyme d’une libération d’instincts bestiaux qu’une saine éthique devrait interdire. Le sujet est bien celui qui n’a pas peur de désirer. C’est pourquoi « la maxime de Lacan, « Ne pas céder sur son désir ! », assume pleinement le paradoxe pragmatique consistant à ordonner d’être libre : elle exhorte à oser. » 14
- Cf. l’article Wikipedia français sur Zizek : http://fr.wikipedia.org/wiki/Slavoj_%C5%BDi%C5%BEek
- Pour une approche comparée des deux livres, voir l’article de Raoul Moati sur ce site : https://www.actu-philosophia.com/spip.php?article99
- Slavoj Zizek, Le sujet qui fâche, Traduction Stathis Kouvélakis, Flammarion, 2007, page 6
- Zizek précise que Castoriadis a été le premier a formulé cette critique, dans son article « La découverte de l’imagination », in Domaines de l’homme. Carrefours du labyrinthe II.
- L’anecdote veut que Hegel ait eu cette vision en voyant son ami du séminaire de Tübingen, le poète Hölderlin, glisser dans la folie.
- Page 48.
- Page 153.
- Page 323.
- Page 326.
- Page 347.
- Page 412.
- Page 509.
- C’est sur ce point que Zizek s’oppose à Foucault et Deleuze : il nous incite à maintenir, face à tout ordre économique, politique, moral, esthétique etc., la position d’un universel vide, le Sujet, garant de la liberté. C’est à cela qu’on peut juger si Zizek est un pas en avant sur les théories du désir et de la révolution, ou bien un retour en arrière, à un idéalisme kantien amendé par l’idéalisme hégélien.
- Page 532. C’est la dernière phrase du livre.