René Pommier a cherché dans ce livre, qui tient à la fois du florilège et du condensé, à opérer une sorte de synthèse de ses différents écrits sur la littérature et la critique. Ceux-ci présentent deux facettes complémentaires. L’explication de textes était la base de son enseignement et sa grande familiarité avec des œuvres qu’il avait apprises par cœur et ruminées parfois pendant des années, lui a permis, non pas d’en renouveler véritablement l’interprétation, prétention absurde à ses yeux, mais de mieux éclairer certains aspects des pièces de Racine et de Molière, de Cinna ou de La Princesse de Clèves notamment. Mais cette même familiarité avec les textes lui a aussi permis d’apercevoir très vite les incroyables libertés que les tenants de la nouvelle critique prenaient avec les textes pour leur faire dire tout et n’importe quoi pourvu que ce ne fût pas ce que l’auteur avait voulu dire. Polémiste impénitent, il a lancé alors son cri de guerre avec Assez décodé ! et s’est ensuite attaqué dans sa thèse de doctorat d’ État au livre phare de la nouvelle critique, le Sur Racine de Roland Barthes dont il a patiemment démontré l’incroyable ineptie. Il n’a cessé par la suite de mettre les pieds dans les plats de la cuisine ridicule de tous les cuistres issus de la cuisse de Saussure. Par sa pratique claire et vivante de l’analyse des textes ainsi que par ses efforts incessants pour soulever la chape de plomb que le structuralisme et la nouvelle critique faisaient peser sur les études littéraires, René Pommier a donc doublement œuvré pour essayer de restaurer le goût des lettres.
Agrégé des lettres, ancien élève de l’École Normale Supérieure (Ulm), docteur d’État, maître de conférences honoraire à l’Université de Paris-Sorbonne, René Pommier a reçu en 1979 le Prix de la Critique de l’Académie française 1979 pour Assez décodé !, en 2007, sur proposition de l’Académie française, le Prix Alfred Verdaguer de l’Institut pour l’ensemble de son œuvre et, en 2008, le prix Joseph Saillet de l’Académie des Sciences morales et politiques pour Sigmund est fou et Freud a tout faux.