Cet ouvrage prend pour point de départ une analyse phénoménologique du désir comme tel, que nous comprenons aujourd’hui d’abord comme désir sexuel. Le propre du désir, par différence avec le besoin, est que l’accès à ce qu’il vise l’exacerbe au lieu de le combler, comme si son véritable objet, le désiré, était toujours au-delà de ce que le désir est susceptible de rencontrer. C’est que le désiré n’est justement pas un objet mais cela qui transcende tous les objets au titre de leur fond ontologique commun, à savoir le monde lui-même. Tout désir est désir du monde, non pas au sens où il se rapporterait à un monde déjà là, mais bien parce qu’il en est la condition d’apparition, qu’il est donc désir transcendantal. C’est à l’analyse de ce désir transcendantal que cet ouvrage se consacre, en montrant notamment que sa dynamique propre implique à la fois une communauté ontologique entre le sujet et le monde et une séparation radicale. À la lumière de ces résultats, l’ouvrage revient enfin sur le désir empirique pour conclure qu’il procède d’une désublimation du désir transcendantal, comme si l’autre désiré était ce point du monde où le monde même se replie sur lui-même et transparaît.
Renaud Barbaras : le désir et le monde
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