Alors que le problème de la perception n’est autre que celui de notre rapport même à l’être, la tradition philosophique l’a largement négligé. La chose perçue est le plus souvent confondue avec une collection de qualités sensibles ou rabattue sur l’objet intelligible : la perception est méconnue au profit de la sensation ou de l’intellection. Il revient à la phénoménologie husserlienne d’avoir mis en évidence, avec la théorie de la donation par esquisses, l’originalité de la présence perceptive : le propre du perçu est de s’absenter de ce qui le présente, d’excéder toujours ce dans quoi il se donne. La question que Husserl permet alors de poser, sans parvenir à la résoudre complètement, est celle de la nature véritable du percevant et du sens d’être du perçu.
Cet ouvrage tente d’esquisser une réponse en rapportant la perception à l’activité d’un sujet vivant et en opposant par conséquent à la plénitude de l’objet, sorti du néant par un regard purement théorique, un monde dont la profondeur répond à l’insatisfaction qui caractérise la vie.
Renaud Barbaras est professeur de philosophie contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Renaud Barbaras : La perception. Essai sur le sensible
Posted in Brèves, Philosophie contemporaine and tagged Phénoménologie, Philosophie contemporaine, Renaud Barbaras, Vrin.