La remise en question de l’« autonomie » du sujet ne risque-t-elle pas de saper les fondements de notre aspiration à la liberté et à l’égalité dont cette notion est porteuse ? Martha C. Nussbaum, une des grandes figures de la philosophie américaine contemporaine, nous montre qu’il est possible de réformer profondément la conception « moderne » de l’agent moral et politique dans le sens d’une meilleure prise en compte de sa vulnérabilité essentielle sans pour autant renoncer à promouvoir l’autonomie des individus. On peut trouver dans l’éthique des Anciens et à travers la théorie des « capacités » (capabilities approach) qui la réactualise les moyens de fonder et de défendre les droits réels des individus sans trahir l’esprit du rationalisme des Lumières. Nussbaum n’hésite pas à s’engager clairement par rapport à des problèmes de société actuels : droits des homosexuels, dignité des handicapés et des personnes dépendantes, pauvreté, tolérance religieuse et liberté des femmes notamment. Cette dernière question, centrale au regard de notre problème, sera l’occasion de tester finalement la cohérence de la solution qu’elle propose.
Pierre Goldstein : Vulnérabilité et autonomie dans la pensée de Martha C. Nussbaum
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