Qu’est-ce que la matière? Une pure puissance sans contours ni détermination, un « presque rien » qui échappe à toute saisie conceptuelle? Ou plutôt la « nature-mère », le réceptacle universel de tous les êtres, le substrat qui permet la génération et le devenir de toutes choses? La question fait l’objet d’un vif débat philosophique au Moyen Âge. Pierre de Jean Olivi (1248-1298), bien connu pour ses positions radicales dans la querelle sur la pauvreté, aura été l’un des protagonistes majeurs de ce débat : les textes traduits ici pour la première fois en langue française révèlent la force et la rigueur d’une conception qui fait de la matière non seulement l’assise universelle de toutes choses, mais aussi la condition de possibilité de l’ordre et de l’harmonie de l’univers et de la relation des êtres humains à Dieu.
Introduction, traduction et notes par T. Suarez-Nani, C. König-Pralong, O. Ribordy et A. Robiglio