Sous la plume de Bach, texte et musique sont si parfaitement accordés, qu’on ne peut les étudier séparément ni éluder la question de leur relation, sans perdre de vue le principe d’unification qui fonde l’architecture sonore. L’approche interdisciplinaire des deux Passions du Cantor de Leipzig, ici privilégiée, favorise le croisement des analyses du texte du livret et de sa mise en musique. S’il est vrai que le compositeur n’a jamais cessé de puiser dans les traditions musicales, théologiques, liturgiques et poétiques, il apparaît cependant que son style propre s’affirme dans des oeuvres d’une singularité absolue. La musique des Passions de Bach doit s’entendre comme une lecture spirituelle de la lettre du texte évangélique. C’est pourquoi le récit évangélique, dans son expression musicale, peut engager l’auditeur dans un travail intérieur de conversion, sans aucune contrainte. L’hospitalité de ces œuvres, gratuite et largement ouverte, remet plutôt chacune et chacun à soimême, pour vivre une aventure jamais tracée d’avance, ni jamais assurée.
Philippe Charru, est organiste titulaire de l’église Saint Ignace à Paris et enseigne au Centre Sèvres, Facultés jésuites de Paris, où il dirige le Département esthétique. Christoph Theobald, est professeur de théologie fondamentale et dogmatique au Centre Sèvres, Facultés jésuites de Paris, rédacteur en chef de la revue Recherches de Science Religieuse, conseiller et auteur à la revue Études. Depuis de nombreuses années, ils poursuivent un travail de recherche interdisciplinaire, d’enseignement et de publication sur l’œuvre de Johann-Sebastian Bach.