Dans cet ouvrage, science et musique dialoguent selon trois grandes lignes. La première est représentée par la recherche des « causes physiologiques de l’harmonie musicale », conformément au titre de la conférence que donne Helmholtz en 1857 (exposé synthétique des idées qu’il reprendra dans sa très fameuse Théorie physiologique de la musique), et par la « présentation populaire pour les musiciens » qu’en propose Enst Mach, dès 1866. Avec Helmholtz, le son acquiert une place centrale pour la musique – le son tel qu’entendu par l’oreille, avec toute sa richesse harmonique – et la dissonance, qui n’est plus un simple raté de la consonance, devient dès lors la clé de toute théorie musicale.
Mais qu’en est-il aujourd’hui de la théorie physiologique de Helmholtz? Son examen par Patrice Bailhache, à l’aune de l’acoustique actuelle, forme la seconde ligne de force du présent livre. Et la troisième, retenue par Antonia Soulez, est celle tracée par Carl Dalhaus, qui en 1970, voit dans la démarche de Helmholtz une mise en question inaugurale de la « naturalité » d’un système de sons. C’est la musique qui, alors, questionne la science : quelle pertinence ces considérations sur la dissonance et ses causes, conservent-elles face au règne du timbre et de la dissonance depuis la musique atonale et le dodécaphonisme?