L’évocation de la figure pythique dans la littérature antique est parallèle à sa représentation dans la tradition iconographique. Les écrivains et les artistes de l’Antiquité lui prêtent toutes sortes de paroles et de visages, que la tradition ultérieure s’approprie ou remodèle à son gré. Après le livre consacré à Cassandre, Pascale Hummel s’attache ici, d’une manière plus large et non moins originale, à l’identité mystérieuse de la femme-pythie. Croisant par une alchimie singulière les contrastes et les paradoxes, la figure de la prophétesse devineresse ouvre sur le mystère de l’indicible et l’énigme du sens inapparent aux humains : en elle corps et voix, surface et profondeur, ignorance et savoir, intelligence et naïveté, sagesse et (prétendue) folie, mortalité et immortalité, laideur et beauté se trouvent réunies et transcendées, dans le but de communiquer le sens unique et véritable, dont elle est l’incarnation (autant que l’interprète) active-passive. En analysant les visages et les paroles que la tradition littéraire lui prête, l’auteur de ce livre donne forme et vie à la figure antique de l’interprète pythique.
Cet ouvrage est le deuxième volet d’un triptyque qui comprend aussi Lycophron, Cassandre, et Pindare et les pindarismes, dont le thème commun est l’impénétrabilité du sens et ses enjeux.