Ancien professeur à la Sorbonne, Nicolas Grimaldi a consacré la plupart de ses ouvrages à élucider nos expériences de la subjectivité : la jalousie, la solitude, le temps, ont été le prétexte de ses essais les plus fameux : Traité des Solitudes, Ontologie du Temps, La jalousie et l’enfer proustien. Il était naturel que son nouveau livre fût consacré à l’amour puisque l’attente, le désir et l’imaginaire en sont la trame éternelle.
De même qu’on comprend mieux le fonctionnement normal d’un organisme par l’observation de ses pathologies, de même les formes les plus déréglées de l’amour ne font-elles qu’exhiber ses caractères les plus ordinaires en les amplifiant. Ce qu’on pourrait nommer pathologique n’est ici que le grossissement du normal. Aussi l’amour fou n’est-il pas quelque cas rarissime et singulier de l’amour. Autant qu’il en est le révélateur, il en est aussi la vérité.
Empruntant à la littérature la diversité des cas observés, cet essai se présente comme un kaléidoscope. On a tenté d’y réunir tous les ingrédients de l’amour : l’attente, la solitude, la révélation, le désir fusionnel, la frénésie possessive, etc. Si peu qu’on fasse tourner le cylindre, ces éléments s’y organisent de façon différente et configurent d’autres manières d’aimer. C’est ce qui rend tous les amours semblables, sans qu’aucun soit jamais pareil aux autres.
Empruntant à Proust, à Benjamin Constant, à Stendhal et Descartes, cet essai est un petit bijou d’intelligence et de précision sentimentale.