Comment naît une religion ? Quelles épreuves doit-elle traverser pour transposer la foi d’un fondateur spirituel en une structure sociale orchestrée autour du sacré ? Par quels processus parvient-elle à faire fructifier son héritage et à s’imposer comme liaison des hommes avec Dieu ? À quel prix la religion peut-elle devenir l’affaire d’un peuple ?
Entreprendre une généalogie de la religion, c’est assigner à la philosophie la tâche d’une démarche démystifiante : il s’agit de considérer la religion non comme résultat d’une histoire, mais comme source de celle-ci et comme processus. Dans cet essai, Nathan Devers se propose de « relire la Bible, à travers elle et contre elle ». Il revisite la trajectoire qui mène de l’inspiration solitaire d’Abraham à la révélation universelle de Moïse – et il s’attache à montrer qu’à cet égard, la religion, symbiose de l’idolâtrie et de son propre refus, se déploie dans la nostalgie d’un rendez-vous manqué avec Dieu.
Élève à l’École Normale Supérieure, Nathan Devers, codirige le séminaire d’élèves « Lectures de Heidegger », et se destine à la philosophie ainsi qu’à l’écriture.