Revisiter l’expérience du corps glorieux à travers le témoignage que transmettent ses Pères et ses ascètes dans la Philocalie notamment, et ce, à la lumière de la description structurée de la chair et du corps proposée par la phénoménologie, tel est l’enjeu principal de cet ouvrage. La « théophénoménologie » pratique qui y est déployée répond ainsi à deux attendus : d’une part, ouvrir par le biais des catégories philosophiques un espace d’intelligibilité à une expérience qui, relevant pour beaucoup du domaine intime et privé de la foi, ne saurait dit-on être partagée au delà du cercle des croyants. Or, l’outil descriptif de la phénoménologie offre des ressources étonnantes pour faire ressortir l’universalité possible de l’expérience de la gloire du corps; d’autre part, participer au renouvellement interne de la phénoménologie en direction de sa mise à l’épreuve pragmatique en la confrontant à un champ expérientiel pour beaucoup énigmatique : orant, icônique, sacramentel, ecclésial et parabolique. Or, la mise en exergue d’une dimension autotranscendante interne à l’expérience permet d’interroger autrement notre relation à l’évidence vécue de notre corps, et ce, pour en explorer des territoires habituellement moins frayés de sa sensibilité (les sens spirituels), de sa temporalité (la kénôse), de son imagination (la Transfiguration), de son intersubjectivité (la communion ecclesiale), bref, de son anthropologie christique.
Nathalie Depraz : Le corps glorieux, Phénoménologie pratique de la Philocalie, des Pères du désert et des Pères de l’Église
Posted in La Philosophie dans tous ses états and tagged La Philosophie dans tous ses états, Phénoménologie, Théologie.