Vrin, « Bibliothèque d’Histoire de la Philosophie – Poche », 2012. 480 p., 11 × 18 cm. ISBN : 978-2-7116-2426-3
« On sait ce que j’exige du philosophe : de se placer par-delà le bien et le mal, – de placer au-dessous de lui l’illusion du jugement moral. » Se situer par-delà bien et mal, ce n’est pas adopter une posture immorale ou amorale, c’est comprendre qu’au principe de toute antinomie se trouve une croyance à des valeurs dont la valeur éternelle et sacrée est garantie par son opposition à des contraires tenus pour être absolument mauvais. Le but de ce livre est de montrer comment Nietzsche s’y prend pour refuser l’alternative « morale » du pour et du contre et guérir la pensée de ces oppositions populaires « sur lesquelles les métaphysiciens ont apposé leur sceau », par exemple historique / éternel, expliquer / interpréter, être /devenir, réalité /apparence, volonté de vie /volonté de vérité. Dans la mesure où les falsifications et les mensonges dont ces couples procèdent sont des mensonges utiles et des falsifications nécessaires et non pas des erreurs, il ne suffit pas d’en prendre conscience pour les rectifier, il faut inventer les moyens d’en sortir, multiplier les perspectives et penser dynamiquement en termes de forces, de devenirs, d’advenirs. Dépasser ou surmonter, laisser derrière soi ou au-dessous de soi : il n’y a pas qu’une seule façon de se situer « par-delà ». Mais chacune est l’exploration d’un dangereux peut-être.