On a parfois décrit Bacon comme un « attardé », comme un penseur d’arrière-garde qui n’aurait pas pris la pleine mesure de la révolution scientifique qui se jouait sous ses yeux. En réalité, en puisant dans l’héritage intellectuel de la Renaissance anglaise, et en réalisant la synthèse du courant humaniste, de la tradition magique et du débat autour des « arts mécaniques », Bacon propose une idée nouvelle de la science et de son rôle pour l’homme. Si l’ensemble de son œuvre philosophique vise à ouvrir la voie à une science nouvelle qui ne se perde plus en vaines conjectures mais permette de découvrir les lois véritables de la nature et de produire des œuvres qui profitent à l’humanité tout entière, c’est peut-être dans la Nouvelle Atlantide que l’idée baconienne de la science trouve son expression la plus efficace et la plus originale. Car Bacon ne se contente pas d’y reprendre les thèmes qui traversent toute son œuvre : véritable appel à l’action, la Nouvelle Atlantide donne à voir ce que pourrait être cette science féconde, utile et salvatrice qu’il entend fonder.
Mickaël Popelard : Francis Bacon. L’humaniste, le magicien, l’ingénieur
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