Cette étude interroge et mesure la pertinence de la solution apportée par Plotin au problème métaphysique de la séparation (chôrismos) hérité de Platon. Les fonctions multiples attribuées par Plotin au Logos et aux logoi au sein de son système hiérarchisé, impliquant des niveaux différents de réalités, sont-elles en mesure de résoudre le problème de la séparation ontologique et cosmologique hérité du platonisme ? Ne peut-on pas adresser à Plotin le reproche qu’il fait à ses adversaires gnostiques qui multiplient inutilement les hypostases et les intermédiaires entre le monde intelligible et le monde sensible, et au sein même du monde intelligible ? On se demandera également si la réduction de ces logoi multiples à un seul Logos n’apporterait pas une solution à ce problème de la séparation rencontré par Plotin ? Le Christ-Médiateur, envisagé en tant que Logos par le Prologue de l’Évangile de Jean, n’est-il pas en d’autres termes en mesure de résoudre, à sa manière et différemment, ce problème de la séparation qui apparaît dans tout système philosophique et théologique induisant une forme de verticalité et de transcendance ? En quoi le recours au Logos du Prologue est-il légitime historiquement et philosophiquement pour apporter une solution au problème du chôrismos rencontré par Plotin ? Pourquoi Plotin ne fait-il pas mention du Logos johannique sachant que ce dernier offre pourtant des garanties d’unité et d’unicité, d’efficacité et de vitalité, de puissance de relation et de communication tant recherchée par le philosophe néoplatonicien ; et sachant que son disciple direct, Amélius, de l’école plotinienne à Rome, a lui-même eu le besoin de proposer une exégèse philosophique du Prologue ?