On ne pouvait manquer de saluer la deuxième édition de l’introduction à la philosophie de l’esprit de Michaël Esfeld chez Armand Colin1. Saisissons là l’occasion de saluer les deux grands ouvrages d’introduction à des domaines complexes de la philosophie contemporaine que M. Esfeld a publiés en langue française : non seulement son introduction à la philosophie de l’esprit mais aussi sa tout aussi précieuse introduction à la philosophie des sciences éditée aux Presses polytechniques et universitaires romandes en 20062.
Michaël Esfeld est Professeur de philosophie des sciences à l’Université de Lausanne, ses recherches portent sur la philosophie des sciences, notamment la métaphysique de la physique, et sur la philosophie de l’esprit. Il écrit aussi bien en langue française qu’en langue allemande ou anglaise. Ses deux ouvrages d’introduction sont d’une clarté remarquable concernant des domaines d’une complexité spéculative intimidante. M. Esfeld présente, en réalité, des cours : chaque chapitre contient l’exposition d’un problème ou d’un argument, un résumé final, une bibliographie précise et des propositions de travaux universitaires possibles. Pour chaque débat classique de philosophie contemporaine de l’esprit ou des sciences, on a donc une base de cours et de travail très précieuse. Quel étudiant n’a jamais rêvé d’avoir des bibliographies à taille humaine et d’une précision rigoureuse, facilitant ainsi l’étude ? Le gain de temps est considérable. Gain redoublé, car être initié à la conceptualité dite analytique et aux problèmes de métaphysique traditionnels et analytiques, voilà un défi hautement redoutable que notre auteur relève.
1. La philosophie de l’esprit ou comment prendre la suite du difficile problème cartésien
La philosophie de l’esprit est un des champs problématiques les plus féconds au sein de la philosophie contemporaine. Si la pensée cartésienne peut être le lieu et le temps de la naissance de certains de ses grands problèmes, les problèmes de psychologie philosophique et de philosophie de l’esprit prennent son relai et s’inscrivent dans l’histoire de la philosophie. Il est important de le rappeler afin d’inscrire les débats de la philosophie contemporaine sous l’égide de l’histoire de la philosophie, plutôt que sous l’égide de chapelles et de querelles, somme toute, d’une contingence insultante face aux difficultés que toute pensée consciente doit affronter et à son questionnement philosophique corrélatif.
Car il en est une de difficulté pour la pensée redoutable : que signifie le fait de l’esprit au sein de la nature ? La pensée appartient-elle à un autre type d’être ontologique que l’être matériel ? Puisque l’on a affaire à d’autres propriétés de l’être (l’esprit pense, donne du sens, se réfléchit, a des raisons d’agir, forme des concepts, etc.), a-t-on affaire à un autre type de substance support de ces nouvelles propriétés ? L’émergence de l’esprit conscient au sein d’une nature physico-biologique ne cesse d’étonner pour ces raisons.
C’est donc ce grand problème que la philosophie de l’esprit prend en charge (et bien sûr tous les problèmes corrélatifs) : étant donné une distinction entre les états mentaux et les états physiques et étant donné le principe de clôture causale du monde physique, comment penser une autonomie de l’esprit, c’est-à-dire comment penser que l’esprit puisse être autre chose qu’un certain type d’être physique et comment penser que l’esprit puisse causer des actions, comme cela semble être le cas ?
Le principe de clôture causale du monde matériel est un principe de complétude explicative, nomologique et causale du domaine physique ; cela signifie que pour tout état physique, le fait que l’on puisse expliquer cet état matériellement (en le référant à des causes physiques, à des lois physiques qui l’expliquent) justifie que l’on considère que l’explication est complète. Relevons que « l’explication est complète », cela veut dire qu’on se situe dans le cadre d’un réductionnisme épistémologique et non ontologique. On peut certes penser une surdétermination de la causalité physique par la causalité mentale, mais alors il faut admettre le redoublement d’entités expliquant un fait, redoublement inutile épistémologiquement et difficilement pensable ontologiquement.
M. Esfeld va donc retracer l’histoire du débat argumentatif autour de ce fameux problème, partant de ce que l’on appelle le dualisme interactionniste cartésien confronté au dualisme sans interaction du parallélisme psychophysique de Spinoza afin de poser le problème contemporain dit de la survenance, c’est-à-dire de l’identité entre les états microphysique et les états mentaux. Comment comprendre cette survenance, c’est-à-dire cette identité, tout en prenant en compte la distinction entre ces deux types d’état, les états physiques n’ayant pas de propriétés sémantiques ou intentionnelles ?
Cependant, malgré la distinction des propriétés, cette survenance permet de penser la causalité de l’esprit : un état mental peut causer un mouvement, parce qu’il est sous-bassé par un état physique, à savoir un état cérébral qui constitue des causes physiques complètes. A partir de cette base problématique et conceptuelle, M. Esfeld peut donc expliquer les grandes thèses et les grands arguments contemporains : le compatibilisme, le physicalisme sémantique, le fonctionnalisme, le physicalisme a priori et le physicalisme a posteriori, c’est-à-dire les différentes formes et les degrés de réductionnisme jusqu’au matérialisme éliminatif, le monisme anomal de Davidson, l’interprétationnisme, l’externalisme ou encore l’objection des qualia. Il ne serait pas possible d’expliquer tous ces –ismes en si peu d’espace, M. esfeld le fait très bien malgré la complexité de certains arguments ; permettons-nous simplement de dire que ces titres en –ismes permettent de localiser rapidement un lieu théorique et une argumentation logique, et non de masquer l’absence de précision. En bref, M. Esfeld fait le tour en quelque deux cents pages des grands lieux argumentatifs du débat. Le propos est certes dense, mais d’une clarté rarement égalée quand elle sert tant de précision. Pour compléter l’initiation et l’asseoir sur une compréhension qui permette de débattre desdits problèmes, on peut (on doit ?) aller lire les conseils bibliographiques d’Esfeld et s’essayer à l’écriture philosophique en sélectionnant quelques-uns des sujets qu’il propose. On a donc avec cet ouvrage l’essence-même de l’introduction : on ne vulgarise pas, on met à disposition ; ce que l’on met à disposition est un savoir exigeant, qui demande des lectures complémentaires de première main ; ce savoir ne s’actualise que dans l’entreprise philosophique de réappropriation, celle-ci passe par un travail d’écriture et d’élaboration problématique et argumentative. C’est tout le métier de professeur d’élever ses élèves à ses exigences et de ne pas livrer des topoï et autres prêts-à-penser, ce que nombres de livres para-scolaires éditent. C’est pourquoi, en plus de saluer le travail philosophique de Michaël Esfeld, on peut voir dans cet ouvrage un exemple de manuel, tout comme un exemple de Professeur.
2. La philosophie des sciences : entre tradition épistémologique et métaphysique et l’apport « positif » des sciences contemporaines
A. L’épistémologie à travers sa métaphysique : la question du réalisme scientifique
Le livre de Michaël Esfeld est une perle, telle que beaucoup d’étudiants en rêvent, car les domaines de la philosophie des sciences sont souvent d’une difficulté redoutable, notamment en ce qui concerne la métaphysique de la nature. L’ouvrage d’introduction se divise en trois grandes parties.
La première partie est de facture classique, car il s’agit d’épistémologie. Le parcours que choisit M. Esfeld permet de prendre acte de l’ensemble des réflexions en ce domaine, en l’occurrence de l’histoire de l’épistémologie des sciences ; il est entendu qu’ici aussi, il faudra compléter ce travail par des lectures de première main, largement facilitées par le travail de M. Esfeld. « L’épistémologie des sciences traite du thème de la justification des prétentions à la connaissance scientifique »[Physique et métaphysique, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, Lausanne, 2012[/efn_note]. Justifier la connaissance, c’est certes un problème de méthode, cœur des épistémologies spéciales seules garantes de la scientificité telle qu’acceptée, mais c’est aussi présupposer que l’on puisse dire la vérité sur ce qui est, à savoir est présupposé une thèse qu’Esfeld prend pour nerf de son propos et problématise : le réalisme scientifique. L’épistémologie réfléchit sur le rapport entre réalité et connaissance scientifique, c’est ce que Cl. Tiercelin appellerait la rencontre nécessaire de la philosophie de la connaissance et de la métaphysique, car l’exigence épistémique présuppose des engagements métaphysiques sur la réalité3.
Expliquons le débat. Le réalisme scientifique implique la thèse métaphysique de l’existence et de l’indépendance de la nature par rapport aux théories scientifiques (et par rapport au sujet connaissant), mais aussi que la nature est le critère de vérité de toute connaissance et que les sciences nous donnent un accès cognitif à la nature de manière à ce que nous puissions départager des théories concurrentes. Le problème est de savoir si une théorie scientifique est indexée sur son utilité ou si elle a une vérité qui ne soit pas fonction de l’histoire des sciences et donc changeante. En effet, l’histoire des sciences nous enseigne l’abandon de certains paradigmes ou plus modestement de certaines théories au profit de théories semblant plus exactes. On retient les anciennes théories parfois, parce qu’elles sont utiles, quoique fausses dans le détail ; ainsi en va-t-il actuellement de la mécanique classique, utile en bien des endroits d’ingénierie, mais inexacte en son détail. Si la science a une histoire, doit-on pour autant faire l’induction pessimiste suivante : puisque certaines théories se sont révélées fausses et sont remplacées, en va-t-il ainsi du progrès scientifique, un progrès plus technique que voie vers la vérité ? Non seulement les contre-exemples sont nombreux et bien des théories sont gardées (paralogisme de la fréquence de base : le progrès des sciences est en bien des endroits linéaire), mais comment justifier l’éternel saut logique de l’induction, qui ici fait fi de l’entendement fini des hommes et des erreurs que cela suppose et sort de toute discussion pour énoncer que toute discussion peut être fausse. Soit. L’argument du miracle ne se contente pas de répondre au pyrrhonisme malin de l’argument de l’induction pessimiste, il fait preuve d’un réalisme de bon sens : « l’argument positif en faveur du réalisme est que le réalisme est la seule philosophie qui ne fasse pas du succès de la science un miracle »4. En effet, la capacité prédictive des sciences (leur exactitude de plus en plus grande témoignant peut-être de l’approximation se faisant de la vérité) et les progrès techniques impliquant que les croyances conditionnant ces faits soient vraies5. M. Esfeld présente donc les principaux arguments complétant ce débat et parcourt ainsi une brève histoire de l’épistémologie : la vérification et la falsification bien sûr, la critique de l’épistémologie empiriste de Duhem et Quine, l’épistémologie de Sellars et le mythe d’une observation vierge de théorie, le défi de l’incommensurabilité avec Kuhn et Feyerabend, l’épistémologie externaliste de Putnam, le nouvel expérimentalisme et le problème de l’incommensurabilité des théories, etc.
B. La métaphysique de la nature ou la philosophie des sciences
Le propos scientifique est de description et de prédiction, l’affaire philosophique est de dégager une vision globale des résultats des sciences, d’interpréter les découvertes locales, de tirer les implications philosophiques des concepts scientifiques, mais aussi du discours scientifique dans ses présupposés. La tâche est grande, en somme. Elle l’est d’autant plus à une époque où les sciences, dans leurs derniers retranchements, s’assument comme interprétations, comme hypothèses, ce que montre magistralement la physique contemporaine dans sa recherche d’une théorie du tout par exemple ; cherchant la vérité, les sciences assument la vérisimilitude, c’est-à-dire la conception d’une vérité se faisant6. M. Esfeld inscrit cette tâche philosophique dans son histoire avec les grands noms de philosophes qui furent aussi des scientifiques ou des esprits encyclopédiques comme Platon, Aristote, Descartes, Leibniz et Hegel.
L’auteur dégage cinq grands thèmes de la métaphysique de la nature.
C’est d’abord les questions concernant la nature et le rapport de l’espace, du temps et de la matière qui occupe M. Esfeld. Quelle est la nature de l’espace et du temps ; sont-ce des absolus, existant par soi telles des substances indépendantes de toute matière, ou ne sont-ils que les conditions de la particularisation par la fixation de relations déterminants des objets ou des monades ? Le temps et le temps sont-ils relatifs ; la théorie de la relativité restreinte permet-elle de penser un espace-temps à quatre dimensions non relatif ? Quelle vision de la matière doit-on accepter selon nos conceptions de l’espace et du temps : l’éternelle doctrine atomiste, ici des particules, ou la nouvelle doctrine des champs, ou encore les deux ? Sur ces questions, d’une abstraction folle, M. Esfeld jette des lumières bienvenues.
Les questions de métaphysique de l’événement reprennent le problème classique de l’unité et du changement : la réalité n’est-elle qu’événement se succédant ou doit-on poser des substances permanentes ?
M. Esfeld explique avec brio un des problèmes les plus débattus de métaphysique de la nature : celui des propriétés fondamentales de la réalité. Les objets ont-ils des propriétés indépendantes des autres objets avec lesquels ils entrent en relation ? Nos connaissances de la réalité matérielle, de la nature est une connaissance des lois régissant mouvements et relations ; peut-on penser qu’il y a des réalités intrinsèques indépendantes des relations ? En physique quantique, le problème se redouble : des phénomènes comme l’intrication quantique amènent à se demander si la réalité fondamentale peut être pensée autrement que comme relations, si la notion même d’objet classique n’empêche pas de penser sans paradoxe la réalité quantique.
D’autre part, ces relations entre objets dépendent-elles de pouvoirs inscrits au cœur des objets, de leurs essences, ou doit-on surajouter au mobilier ontologique du monde des lois de la nature, c’est-à-dire des entités ontologiques purement relationnelles ? Les lois de la nature sont-elles de simples conjonctions constantes ou sont-elle des connexions nécessaires découlant de l’essence dispositionnelle des objets ? L’alternative est-elle radicale ou peut-on penser avec Cl. Tiercelin que le caractère dispositionnel des objets n’empêche pas 1) qu’il y ait des êtres ontologiques du type « lois de la nature » ou constantes de la nature, et 2) qu’il y ait une essence aliquidditive, en plus d’une essence dispositionnelle des objets.
3. Métaphysique et réductionnisme : le paradigme philosophique de l’époque ?
Le dernier champ de la métaphysique de la nature que soulève M. Esfeld concerne le problème de la survenance et du réductionnisme conséquent. Cela ouvre une autre partie du livre, car ce ne sont plus des questions de métaphysique appliquée, mais bien des questions de métaphysique fondamentale. Si la réalité fondamentale de tout ce qui est la réalité physique ultime, alors comment penser les niveaux supérieurs que sont les niveaux chimiques, biologiques et psychologiques ? Survenir, c’est faire l’expérience de pensée suivante : si nous dupliquions toute la réalité microphysique dans un autre monde possible qui aurait alors la même structure microphysique que le nôtre, quel serait ce monde ? Y aurait-il survenance des niveaux supérieurs ? Autrement dit, peut-on réduire toute réalité psychologique à des configurations singulières et complexes d’éléments physiques déterminants ? Cette identité doit-elle être interprétée comme une identité qui réduit l’être psychologique ?
Car, c’est peut-être ce qui manque ici et ailleurs : si on laisse ouverte la possibilité d’autre chose que le réductionnisme, d’autre chose que d’une causalité purement physique des actions des hommes, il est pourtant rare que l’on explicite ce que pourrait être cette autre chose ; l’alternative problématique que soulève la métaphysique de l’esprit et la métaphysique de la nature semble de pure position et le choix d’une métaphysique physicaliste déjà décidé. Certes, les positions en philosophie analytique sont nombreuses et le physicalisme a plusieurs visages, mais il est dur d’entendre d’autres voix, comme celle de Chalmers. On se prévaut d’un réductionnisme de bon sens suivant fidèlement le paradigme scientifique actuel, dont la fécondité et la richesse prédictive, technique et théorique semblent certifier qu’une alternative au problème du réductionnisme métaphysique est la seule bonne. Mais comme le dit Chalmers (autorisons-nous de cette autorité), l’argument de la survenance admet aussi que certains états mentaux puissent ne pas survenir sur des structures microphysiques analogues. Car on est là dans le domaine de la spéculation et cela il faut l’assumer. Ce domaine spéculatif, il nous semble que certains philosophes aux ambitions folles et en même temps d’une modestie accablante pour la philosophie l’oublient. A rêver d’une science philosophique, on oublie qu’une ontologie qui sert la recherche (et l’ontologie des sciences telles que la physique ou la médecine fait des merveilles que l’on doit rappeler sans cesse), qui permet prédictions et prouesses techniques, s’atteste comme ayant une efficace, mais ne s’atteste pas comme ayant épuisé toute la réalité. Spéculation, car il n’y a pas de monde de zombies, de monde dupliqué, de monde possible, de Marie aveugle recouvrant la vue, de chambre chinoise qui existe et où nous pourrions nous rendre scientifiques. Nous le deviendrons peut-être, il faut engager la philosophie à revenir à sa matrice socratique : la recherche de la vérité, la haine de la pensée qui tourne à vide, la haine des concepts rhétoriques vides, du langage qui ne vise plus un étalon ontologique; en bref, la philosophie a une vocation scientifique, mais elle n’est pas indexée aux sciences (cf. le leitmotiv tiercelinien qui sonne juste ici : la philosophie prend en compte les sciences sans avoir à devenir leur servante). S’il y a actuellement des paradigmes scientifiques et philosophiques dominants, si l’on accepte une certaine forme de réalisme permettant de postuler que nous avançons vers la vérité, il faut pourtant bien admettre que cette conception modeste de la vérité comme vérisimilitude, comme vérité se faisant admet des erreurs faites, des pistes fausses suivies pendant des siècles, des arguties scolastiques stimulantes pour la pensée mais éloignées du vrai. Bref, il faut admettre qu’un paradigme doive être questionné en ce qui va de soi pour lui : principe de clôture causale du monde matériel, ici. Comme le rappelle Chalmers, il y a un dogme physicaliste à considérer ce principe comme allant de soi.
Cela étant, rendons à nouveau hommage à Michaël Esfeld de nous permettre de comprendre avec force le physicalisme et le principe de clôture causale en remontant au XVIIe siècle, c’est-à-dire au débat entre Descartes et Leibniz sur la possibilité d’une irruption de l’esprit au sein d’une nature mécaniste, en prolongeant ce débat avec les arguments contemporains. Car avant de revendiquer un droit de spéculer ou même un droit de l’esprit conscient à se voir reconnaître l’irréductibilité de ses propriétés, voire de son être, le physicalisme forme l’esprit philosophique et assigne cet esprit à rendre compte de toute spéculation à l’aune d’une connaissance future possible.
A travers ces deux grands livres d’introduction, les thèses d’Esfeld sont présentes. Le réductionnisme présenté et souscrit est argumenté métaphysiquement et non énoncé comme un dogme. Ce que l’on peut regretter reste le peu de tentatives d’argumenter une alternative métaphysique qui semble du coup de pure position artificielle.
Plus spécifiquement, Esfeld défend un réalisme scientifique comme condition de possibilité de toute connaissance métaphysique. Il défend une physique relationnelle et non substantielle, un réalisme structural et non essentialiste, au sein d’un univers-bloc à quatre dimensions. En espérant que le reste de l’œuvre de Michaël Esfeld soit traduit, nous ne pouvons que vivement recommander la lecture et la relecture de ces deux ouvrages.
- cf. Michaël Esfeld, La philosophie de l’esprit, Une introduction aux débats contemporains, Armand Colin, coll. « Cursus », 2e édition, 2012.
- Michaël Esfeld, Physique et métaphysique, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, Lausanne, 2012
- Nous renvoyons à notre recension du ciment des choses de Claudine Tiercelin, car nos deux auteurs discutent précisément des mêmes problèmes et les thèses tierceliniennes dépassent les alternatives proposées dans ce livre par une position singulière
- Esfeld, Ibid., p. 7, citant l’article de Hilary Putnam « What is mathematical truth » In H. Putnam (dir.) :Mathematics, matter and method. Philosophical papers, Volume 1, Cambridge : Cambridge University Press, pp. 60-78
- Nous travaillons aussi avec l’article de Raphaël Künstler « L’argumentation pessimiste contre le réalisme scientifique est-elle sophistique ? » tiré de la revue REPHA, revue étudiante de philosophie analytique, numéro 5, printemps 2012
- cf. Cl. Tiercelin