Que se cache-t-il aujourd’hui derrière l’expression « bons sentiments », expression résolument péjorative, reflet d’un état d’esprit contemporain qui semble refuser toute place aux émotions et à la sensibilité ?
Le dénigrement des bons sentiments caractérise l’homme de la rue comme l’Académicien, l’homme politique comme le philosophe. L’usage négatif s’est à ce point répandu qu’il a presque vidé l’expression de tout contenu clair et distinct. Critiqués, suspectés, honnis, rejetés, les « bons sentiments » en sont venus à signifier le contraire de ce qu’ils affirment littéralement.
C’est un voyage dans l’histoire de la langue commune et philosophique que Mériam Korichi propose dans ce livre qui prend la forme d’un traité, en suivant à la fois une méthode analytique pour retracer l’origine des sens positifs et négatifs de l’expression « bons sentiments » et une méthode génétique pour établir la signification qu’elle peut prendre aujourd’hui au-delà de son caractère dépréciatif. Si l’on admet que la sensibilité à l’égard de l’autre est une base pour la fondation des relations entre les individus, on comprendra en quoi les bons sentiments sont au cœur de la mêlée des idées contemporaines relatives à l’avenir social de l’humanité.