« Il n’y a pas de faits, seulement des interprétations », tel est le cri de ralliement des postmodernes. Or Maurizio Ferraris y voit un « sophisme transcendantal » potentiellement ruineux pour notre sens des réalités.
Connu en France pour ses travaux sur des objets sociaux tels que le web ou le smartphone, le philosophe italien semble avoir pressenti, bien avant que nous n’entrions dans notre époque de faits alternatifs et de fake news, l’urgence morale qu’il y a, pour la pensée, à redécouvrir le monde qui se tient farouchement au-dehors : un monde, une réalité que la pensée n’a pas construits mais dont elle doit tenir compte dans ses raisonnements et ses analyses.
La perception nous met aux prises avec cette part inconstructible du réel. Pour l’illustrer, l’auteur en appelle aux expériences marquées par la surprise ou les illusions d’optique : deux manières, pour le monde, de nous rappeler qu’il a ses lois propres et sait les faire respecter.
Cet ouvrage passionnant vise donc à mettre au jour ce « sol rocailleux » du monde sur lequel Wittgenstein tordait la bêche du langage, dans un style inimitable où la rigueur conceptuelle et la clarté argumentative le disputent à une irrésistible loufoquerie.
Philosophe italien, Maurizio Ferraris enseigne à l’Université de Turin. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont certains ont été traduits en français, tels Âme et iPad, Manifeste du nouveau réalisme, L’imbécillité est une chose sérieuse ou encore, au Cerf, Documentalité.