Dès 1926 des milliers d’enfants tsiganes ont été déportés dans des centres « d’accueil » sans jamais revoir leurs parents. L’Œuvre de bienfaisance “Pro Juventute” a agi en toute légalité, soutenue par l’Allemagne nazie. A partir de ces événements, Mario Cavatore construit l’histoire d’un personnage emblématique, Lubo Reinhardt, Tsigane et citoyen suisse dont la femme a été assassinée et les enfants enlevés. Reinhardt décide de se venger : on lui a pris ses enfants, il séduira le plus grand nombre de femmes et donnera naissance au plus d’enfants possible. En eux coulera du sang tsigane : sa communauté ne sera pas anéantie. Le roman se déroule sur trente ans : après le premier geste de Lubo, suit le destin déchirant d’un de ses fils, Hugo, de son demi-frère, Hans, de leur mère et de plusieurs figures importantes.
Mario Cavatore donne, avec Le Geste du semeur – son premier livre, écrit à cinquante-six ans –, un roman d’une précision et d’un suspense implacables; un texte sobre, direct, jamais ne versant dans le pathos ou le manichéisme. Erri De Luca a salué, dès sa sortie, la force narrative et le sens de l’humain, au sein même de la protestation, de son auteur, dont il a rapproché le style de celui de Leonardo Sciascia. L’ouvrage a remporté en Italie le prix du Premier Roman 2004 et fait actuellement l’objet d’une adaptation cinématographique due à Giorgio Diritti.
Traduit de l’italien par Danièle Robert
Mario Cavatore : le geste du semeur
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