Peu d’ouvrages ont eu une influence comparable à celle des Pensées pour soi, étonnant petit livre rédigé en grec qui consignerait les «pensées» de l’empereur romain Marc Aurèle, maître du monde au IIe siècle de notre ère. Pourtant, ce texte dont l’attribution reste incertaine, le statut mal défini, les enjeux obscurs et l’argumentation difficile à cerner soulève bien des questions. Les différentes interprétations qui en ont été proposées reflétaient les partis pris idéologiques ou religieux de leurs auteurs plus que les thèses dictées par le texte lui-même. Que choisir entre «le plus vertueux des païens», le «persécuteur des chrétiens», le quasi-mystique des «exercices spirituels», le «dernier avatar du stoïcisme impérial» et le coach du développement personnel?
Dans ce texte, les lecteurs de la Renaissance cherchaient surtout des signes de la compatibilité et de la continuité entre sagesse antique et pensée chrétienne. Notre siècle, qui se veut toujours humaniste, y trouvera encore les germes de certaines de ses valeurs.
GF (n° 1591) – Philosophie
Paru le 31/01/2018
Genre : Philosophie