« Je ne suis pas assez stupide pour penser qu’une divergence dans tes explications puisse me porter atteinte ! »
Sortez les saints de l’hagiographie et les voilà qui s’invectivent ! Durant près de deux décennies, saint Augustin et saint Jérôme se sont échangés des lettres qui n’ont rien de cette charité un peu sucrée que sécrète si bien l’onctuosité ecclésiastique. Et de fait, lorsqu’Augustin, métaphysique et conséquent jusqu’à l’excès, gourmande Jérôme sur un point d’exégèse, celui-ci explose. Hélas, Jérôme a tort. Tout à une susceptibilité d’intellectuel pris en faute, il va alors répliquer, mais le fera pour ce qu’il est, polémiqueur redouté, érudit hautain et styliste virtuose. Sous le choc de cette prose d’assaut, à la fois constrictive et dissolvante, confite en mauvaise foi, Augustin ne ploie pas. Sensible et blessé, il écrira encore et encore, pour pacifier, mais aussi pour argumenter et enfin donner naissance à ce que les générations futures appelleront « le péché originel ».