« Pop’philosophie » : si l’on en croit la morgue méprisante que ce simple mot provoque, il s’agirait du nom d’une étrange maladie. Celle d’une philosophie se prostituant aux industries culturelles ou, pire, aux sirènes du populisme. Avec la pop’philosophie, on assisterait à la ruine de la philosophie tout court, devenue tantôt gadget pédagogique, tantôt tentative pathétique de capitaliser sur le glamour frelaté de la pop culture.
Et si c’était faux ?
Pour Gilles Deleuze, en tout cas, rien n’était plus important que l’invention d’une pop’philosophie qui sauverait la pensée de la correction professorale et de la pontification esthétique. Inventer une pensée véritablement anarchiste, enterrant la philosophie pour l’ouvrir à des devenirs inédits : tel était l’objectif qu’il donna au concept de pop’philosophie. Rien n’était moins simple – ni plus ambitieux. Il est temps de comprendre en quoi.