Nietzsche, fin lecteur, situait le début de l’autobiographie de Heinrich Jung, dit Jung-Stilling, au sommet de la prose de langue allemande, auprès des Conversations de Goethe avec Eckermann, de L’Arrière-Saison et des Gens de Seldwyla. Mais, de ce côté-ci du Rhin, qui donc connaît Jung-Stilling? Certes, les écrits de la maturité de celui qui, parti d’« en bas », devint l’ami des jeunes Herder et Goethe, puis, grâce à ce dernier, un auteur en vue, et plus tard le conseiller du prince – ces écrits, essentiellement théosophiques (et échevelés, diront certains), paraissent bien éloignés des intérêts de nos contemporains. En revanche, son autobiographie, et particulièrement Les Années de jeunesse… (1778), semblent rédigés d’hier, à l’adresse de ceux qui, aujourd’hui, cherchent leur voie. L’argument de cette histoire vraie tient en quelques mots : au fin fond de la Westphalie, dans les années 50 du XVIIIe siècle, le jeune (Jung-)Stilling, fils d’un humble tailleur de village et petit-fils d’un charbonnier, rêve de devenir maître d’école afin, s’imagine-t-il, d’assouvir sa passion pour les livres et le savoir. On devine la suite : mésaventures, déconvenues et souffrances – comme en subissent, à la même époque en Allemagne, tant d’autres apprentis intellectuels sans fortune.
Jung-Stilling : Les années de jeunesse de Heinrich Stilling Une histoire vraie
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