Depuis un siècle, un certain nombre de philosophies, du mouvement phénoménologique au sens doctrinal du terme au pragmatisme et aux tentatives de « phénoménologies linguistiques » développées par un Austin ou un Wittgenstein, ont pu, en des sens différents, caresser l’idée que penser était une expérience — ce qui ne veut pas dire qu’il y ait expérience de la pensée pour elle-même, ce serait une autre question. Jocelyn Benoist essaie ici de tirer toutes les conséquences d’une telle conception « expérimentale » de la pensée, explorant les voies multiples selon lesquelles celle-ci peut être otage du monde. Il esquisse ainsi une dialectique de l’intentionalité, aux prises avec la délimitation de son contexte : une tâche qui s’avère toujours en définitive interminable, le monde s’y révélant toujours à la fois familier et indifférent. Le sens donné aux choses auxquelles la pensée est, selon cette conception, essentiellement rapportée n’annule en effet jamais complètement le silence constitutif de leur être de choses.
Jocelyn Benoist : Sens et sensibilité, l’intentionnalité en contexte
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