Tant par son œuvre politique importante que par le potentiel créateur de son travail sur la perception, l’expression et l’ontologie, Maurice Merleau-Ponty a exercé une influence peu remarquée sur la pensée politique française. Aux lectures des Aron, Sartre et Lefort qui ont déterminé la compréhension et le sens politiques de l’œuvre de Merleau-Ponty s’ajoute une postérité immédiate chez ses contemporains. Colette Audry, Tran Duc Thao, Jean-Toussaint Desanti, et Frantz Fanon furent marqués par leur proximité à Merleau-Ponty tout autant que par ses écrits, reprenant chacun à son propre compte son attitude. Une postérité silencieuse, quelque peu différée, se remarque chez Cornelius Castoriadis, Françoise Collin et Jean-François Lyotard, qui construisirent leurs pensées dans une rupture créative avec celle de Merleau-Ponty. Enfin, une postérité politique se fait sentir dans le moment qui nous est contemporain : Vincent Peillon, Marc Crépon et Luce Irigaray reviennent ici sur leur relation à sa philosophie et sur ce qu’elle permet de penser. À travers ces postérités, les contributrices et contributeurs de cet ouvrage se penchent sur les questions de l’engagement militant et philosophique, de la relationalité et de l’altérité, de la racisation et des émotions, du corps et de la parole, de la vie esthétique, de l’ontologie et la révolution, du républicanisme, du conflit et des épreuves historiques, ou encore du toucher et de la culture politique.
Jérôme Melançon est professeur agrégé en études francophones et interculturelles, ainsi qu’en philosophie, à l’Université de Regina au Canada. Il est l’auteur et le directeur de nombreux travaux sur la philosophie politique de Merleau-Ponty, et a transcrit et édité ses Entretiens avec Georges Charbonnier et autres dialogues 1946-1959 (Verdier, 2016).