Les Fantaisies de Mozart, Chopin et Schumann, la Wandererfantasie de Schubert sont aujourd’hui bien connues et font partie du répertoire des virtuoses. Ce n’est que l’infime partie d’une impressionnante production d’œuvres pour clavier qui ont pris pour modèle la pratique de l’improvisation, capitale au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Ce livre propose de redécouvrir la richesse d’un genre en observant non seulement les œuvres les plus célèbres, mais encore des partitions oubliées et pourtant passionnantes.
Au-delà de l’histoire du genre, il s’agit ici de percevoir en cinq récits parallèles l’essor inexorable d’une esthétique qui nourrit la création pendant une centaine d’années. L’esprit de fantaisie et l’écriture improvisatrice pénètrent les autres genres, à commencer par les sonates les plus significatives de Haydn, Beethoven et Schubert, et propagent une pensée musicale nouvelle : celle du romantisme.
Ce volume remet en cause nombre d’idées reçues et présente une relecture de la période trop souvent décrite en une succession de ruptures. Plus que tout autre genre instrumental, la fantaisie, où se sont rencontrées l’expression de la spontanéité et celle de la singularité, a été continûment le lieu d’élection du génie, paradigme de la création constamment invoqué depuis l’époque de Rousseau jusqu’à celle de Hoffmann et Victor Hugo.