L’Europe est-elle cet objet non identifié et non identifiable que l’on ne saurait même plus dire « politique » ? Et pour conjurer le « malaise européen », n’aurait-on que cette alternative ou bien réactiver l’identité nationale, ou bien forcer la marche vers les « États-Unis d’Europe » ? Or, ni le repli sur le national ni l’édification d’un État fédéral ne répondent au sens cosmopolitique du « projet européen », un processus que nul précédent ne vient informer mais où d’ores et déjà est indiquée la voie d’une intégration originale, « post-étatique » : elle ne s’effectuera ni par une dilution des nations dans un grand espace uniformisé ni par leur subordination à un État supranational confisquant les souverainetés.
Après plusieurs essais remarqués sur la question européenne, Jean-Marc Ferry s’affronte aux critiques intellectuelles parfois virulentes et nous livre de « l’identité européenne » une lecture profonde qui n’esquive pas le délicat problème d’une « Europe chrétienne ».