En deçà des thèses, qui visent à la cohérence, demeurent, comme des sources cachées mais vitales, des questions toujours ouvertes. Ce sont certaines de ces questions récurrentes dans les études cartésiennes qui sont abordées ici, chacune pour elle-même, mais en dialogue constant avec la tradition des grands interprètes. Pourquoi le philosophe de l’évidence commence-t-il à penser en faisant trois rêves – et en les interprétant sans même se réveiller ? Pourquoi et jusqu’où le Discours de la méthode ne livre-t-il pas exactement la même métaphysique que celle des Meditationes ? En quoi et jusqu’où les Meditationes respectent-elles la méthode ? Le « sujet » cartésien se définit-il par une thèse théologique au moment précis où il prétend « mettre à part les vérités de la foi » ? Pourquoi la générosité semble-t-elle devoir répéter le« je pense » sur le mode de l’auto-affection ? Pourquoi Descartes ne parvient-il finalement pas à reconnaître un alter ego à l’ego et ferme-t-il la possibilité de tout accès à l’autre ? L’argument dit ontologique appartient-il encore à une ontothéo-logie avant et après Descartes ? Ces recherches dont le fil directeur est une enquête sur la méthode et la métaphysique attestent que les soubassements historiques et les conséquences modernes, voire post-modernes, de Descartes restent encore, pour une large part, à déceler et à mesurer. Car nous ne pouvons étudier seulement Descartes comme un objet : nous en provenons. Même pour s’en défaire, il faut encore y revenir.
Caractéristiques
Autour de l’auteur
Jean-Luc Marion est professeur à l’université de Paris X-Nanterre. Auteur notamment de Sur l’ontologie grise de Descartes (Vrin, 1975, 1981), Sur la théologie blanche de Descartes (« Philosophie d’aujourd’hui », Puf, 1981) et Sur le prisme métaphysique de Descartes (« Epiméthée », Puf, 1986).