Jean-François Revel avait déjà acquis une large célébrité lorsque, en 1993, à presque 70 ans, il s’engagea dans une aventure toute nouvelle : la rédaction de ses Mémoires. Cette éblouissante traversée d’un demi-siècle d’histoire, de culture et de rencontres confirma que l’écrivain n’était inférieur ni au philosophe ni à l’essayiste. En janvier 1997 parut Le Voleur dans la maison vide. L’événement fut à la hauteur de ses ambitions, Revel s’inscrivant dans la lignée des plus grands mémorialistes, celle du cardinal de Retz et de Saint-Simon.
L’ouvrage parcourt un territoire foisonnant, de l’enfance marseillaise à la direction de L’Express, de la Résistance, ou Revel fut très actif, aux séjours mexicain et italien, hauts en couleur, de ses amitiés avec Breton, Buñuel, Raymond Aron ou Vargas Llosa à son bref compagnonnage avec François Mitterrand, des subtilités de la gastronomie aux pièges de l’alcool… Portés par un sens saisissant du récit et du portrait, ces Mémoires au style inimitable illustrent ce que valent, chez un homme d’une inlassable curiosité, pourfendeur des idées reçues, le courage du caractère et la force de l’esprit.
Dans cette édition définitive figurent un chapitre qui avait été retiré du manuscrit originel du Voleur dans la maison vide et cinq autres entièrement inédits initialement destinés à former, sous le titre pittoresque de Bada, une suite qui fut interrompue par la maladie et la mort de l’auteur. Encore enrichi ici d’entretiens donnés en juin 2002 à France Culture, ce témoignage s’impose comme une oeuvre politique et intellectuelle de premier ordre.