De Husserl à Patocka, en passant par Heidegger, la phénoménologie s’interroge sur le phénomène tel qu’il s’offre, se donne pour être saisi, recueilli, rassemblé en une proposition, un énoncé dit apophantique. Comment une telle ouverture à la phénoménalité, au donné, est-elle possible ?
Comment dire ce qui se donne, dans son caractère le plus originaire, sans le déformer ni l’écraser sous les schèmes ou les catégories hérités d’une longue tradition aristotélicienne ? L’entreprise qui tend, avec Heidegger, à accéder à une strate « archaïque », en deçà de la logique et de la grammaire de l’être, passe par une « destruction de la logique » et la ré-ouverture d’un rapport herméneutique aux choses et au monde. Herméneutique, non pas au sens d’une théorie de l’interprétation des textes ou documents lestés de sens, mais comme le trait fondamental qui rapporte l’homme au monde. Le propos de la phénoménologie ainsi radicalisé peut alors s’entendre comme « Weltlogik », logique-du-monde.
Jean-François Courtine : Archéo-logique. Husserl, Heidegger, Patocka
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