La phénoménologie vise à décrire les choses mêmes telles qu’elles se donnent à la conscience, sans y ajouter des éléments tirés d’héritages métaphysiques ou d’interprétations traditionnelles. Mais à cette fin, elle doit élucider le langage dans lequel elle tend à réaliser ce programme. Ce langage peut-il consister en une expression « pure », spontanée, ou doit-il se démarquer des usages quotidiens ? N’est-il pas nécessairement marqué par une histoire, et n’obéit-il pas, qu’il le veuille ou non, à une rhétorique ? Ne reconnaît-on d’ailleurs pas la phénoménologie à un certain style ? De telles questions n’ont été ignorées ni par Husserl, ni par Heidegger, ni par Merleau-Ponty, ni par Ricoeur, ni par Hans Blumenberg, ni par Marc Richir – autant d’auteurs ici étudiés pour les réponses très variées qu’ils y ont apportées, pour la façon dont ils ont thématisé le rapport de la philosophie à son médium linguistique et au langage ordinaire, les modalités de la description, l’histoire de la rhétorique ou encore les apports possibles de la littérature (Goethe, Claude Simon…), de l’herméneutique, de la linguistique (Jakobson) et de l’art en général. Les études réunies ici explorent ces « langages de la phénoménologie », avec aussi la traduction d’un texte inédit en français de Hans Blumenberg sur le traitement husserlien des « significations occasionnelles ».
Avec les contributions de : Nicola Zambon, Christian Sommer, Laura Paulizzi, Inga Römer, Jean-Claude Monod, Manfred Sommer, Ekaterina Odé, Hans Blumenberg.