Parmi tous les commentateurs padouans d’Aristote, Jacques Zabarella, le philosophe, brille d’un éclat singulier. Il achève au XVIe siècle un mouvement plusieurs fois séculaire de redécouverte des textes péripatéticiens, dans le domaine où il excelle, celui de la logique, après Averroès, les latins Thomas d’Aquin et Jean Duns Scot, les averroïstes de Padoue, les humanistes qui reviennent à la lettre d’Aristote lu en grec, et enfin les galénistes, ses collègues médecins à la faculté des Arts de Padoue. Son enseignement prend le relais des questions débattues, d’Averroès à Jérôme Balduino, dans le recueil des Opera logica publié une première fois en 1578, et le conduit à défendre une thèse sur la nature de la logique dans les deux livres dont nous présentons ici une traduction. La logique est l’instrument de la philosophie contemplative, comme le disait Alexandre d’Aphrodise, elle n’est pas une science, comme l’a pensé Jean Duns Sot. Le statut du traité des Catégories, la structure et la construction de l’Organon, ainsi que la place de la Rhétorique et de la Poétique en logique et en philosophie, s’éclairent alors.
Dominique Bouillon est ancienne élève de l’École Normale Supérieure, Paris, agrégée et docteur en philosophie. Elle a consacré sa thèse de doctorat à Jacques Zabarella