Jean Cavaillès est l’un des plus grands représentants de l’École française d’histoire et de philosophie des sciences. Son œuvre, tôt et tragiquement interrompue, a atteint néanmoins un sommet de la pensée. Aussi est-elle douée d’un magnétisme qui l’emporte sur sa difficulté.
Cet essai aborde cette œuvre par son aspect le plus déroutant : l’ardue intrication entre résultats mathématiques ou logiques dans toute leur gangue technique et réflexions ancrées aux sources de la philosophie. Il montre patiemment par quels détours implicites celles-ci se greffent sur ceux-là. Cavaillès eut une remarquable intelligence de ce qu’il y avait de neuf et de significatif dans les mathématiques « modernes » et voulut en informer la conception philosophique de la pensée rationnelle. Il bouleversa le champ de l’épistémologie, majoritairement occupé avant lui par les philosophies idéalistes de la conscience. Sa philosophie du concept est une philosophie sans cogito, car la pensée n’est pas une intuition ou une forme du réel, mais elle-même une réalité se manifestant par les modes de production de ses concepts.
Hourya Benis Sinaceur, agrégée de philosophie et Docteur ès Lettres, est membre de l’Institut d’Histoire et Philosophie des Sciences et des Techniques. Ses travaux portent sur les mathématiques modernes, la théorie des modèles et l’épistémologie française.
Vrin – Bibliothèque d’Histoire de la Philosophie – Poche
192 pages – 11 × 18 cm
ISBN 978-2-7116-2885-8 – mai 2019