Publié en 1945, « Proudhon et le christianisme » est une des premières œuvres de Henri de Lubac. À la lecture de cet ouvrage, on sent la sympathie du Père pour l’homme Proudhon, ce qui peut étonner à première vue car Proudhon a lutté sa vie durant contre « la religion », du moins « telle que les théologiens l’ont faite ».
De Proudhon, Lubac ne retient ni les solutions sociales, ni le fédéralisme, mais les « justes critiques ». Il est sensible à l’un de ses thèmes essentiels, la « justice », et surtout, il reconnaît en lui « un de nos grands moralistes ». Proudhon aime la lutte, l’austérité, la patience, la pauvreté, comme Péguy. Il secoue nos consciences, les stimule, qu’il s’agisse de foi, d’espérance ou de charité. « Proudhon est un grand excitateur de la pensée, et son actualité n’est pas près de s’évanouir, parce qu’elle est celle du penseur qui, sans nous détourner — bien au contraire — de nos tâches terrestres, nous oblige à réfléchir avec lui sans fin sur les problèmes éternels. »