Hans Blumenberg : Description de l’homme

Inlassablement Blumenberg explore la genèse de la phénoménologie, sa progression et sa consolidation. Ce travail est mis au service des acquis de la phénoménologie, pour l’enrichir et la rendre fructueuse. Même ses apories sont exploitées à son profit, mais jamais au profit de « cette forme dégradée de la phénoménologie qui se nomme « ontologie fondamentale » ». Le but de ces analyses est de montrer que l’interdit d’anthropologie qu’a édicté Husserl va à l’encontre même de son projet. C’est une contingence primordiale qui nécessite la recherche d’une anthropologie : l’absence de rapport entre l’« eidos » Moi avec l’« eidos » Homo sapiens. Il faut que soit pris en compte l’homme qui souffre, qui se cherche, s’interroge, se cultive, édifie des systèmes philosophiques et invente les sciences exactes, qui veut réussir sa vie et qui peut la rater ; l’homme qui a besoin de consolation, même si ce besoin est impossible à combler. C’est là comme un lieu vide qu’il revient à l’anthropologie d’investir. Ne subsiste alors que cette reformulation de la question de Kant : « Comment l’homme est-il seulement capable d’exister ? » Il l’est parce qu’il voit et, ce faisant, sait qu’il peut être vu. Voilà toute la dignité de la théorie. Pour autant, l’homme n’est jamais transparent, ni à lui-même ni aux autres. Avec la « description de l’homme », la phénoménologie s’est pleinement approprié les conditions de sa propre possibilité. « Ce qui allait de soi ne va plus autant de soi qu’avant. »

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