Cajétan (1469-1534) a vécu une époque de crise tous azimuts : humanisme d’Érasme, antihumanisme de Luther, revendication des États face à l’Église. Dominicain, brillant représentant de la « Via thomistica », il propose à la vieille scolastique de se renouveler de fond en comble, en offrant, pour la première fois, un développement cohérent de ce que Heidegger appelait « la fameuse théorie de l’analogie ».
Au lieu d’y voir, comme la plupart de ses devanciers, un modèle purement logique, voire rhétorique, il développe, de manière consciente une métaphysique de l’analogie qui se formule comme un personnalisme intégral. Dépassant le naturalisme grec, récusant la tentation de l’univocité que représente Duns Scot et son école, il introduit au cœur de la théologie, sous le vocable de surnaturel, une théorie de la métamorphose personnelle.
Le concile de Trente, avec son repli communautaire sur la Tradition, balaiera cette tentative audacieuse qui visait ultimement à une nouvelle alliance entre foi et raison.
À travers l’œuvre de Cajétan redécouvert, c’est une autre approche du continent scolastique que propose ici l’auteur.