La présente enquête ne remet pas seulement en cause l’usage des concepts modernes de moi, soi, sujet, intériorité, personne ou individu dans l’analyse des textes philosophiques de l’Antiquité grecque. Suivant le fil conducteur du multiple dans l’âme, elle cherche à faire apparaître les configurations conceptuelles qu’une telle projection occulte et la façon dont les Anciens, souvent jugés si proches, pensaient autrement que nous. S’attachant à élucider les différentes manières de problématiser l’intérieur qu’on dit mental ou psychique, elle se concentre principalement sur Homère, Platon, Aristote et les Stoïciens, tout particulièrement Épictète et Marc Aurèle. L’analyse qui suppose un travail permanent sur la traduction des textes grecs examinés met au jour la prégnance d’une identité normative et l’inscription de la singularité humaine dans le monde. Prendre en compte le multiple dans l’âme permet de mettre en évidence la part du polythéisme grec et de la théorie du destin, et ce parcours ne concerne pas seulement la philosophie, mais aussi l’anthropologie et la psychanalyse.
L’Auteur
Frédérique Ildefonse, ancienne élève de l’École Normale Supérieure, est directrice de recherche au CNRS.