Jan Patočka (1907-1977) compte parmi les philosophes qui, comme Merleau-Ponty ou Dufrenne, ont exploré de nouvelles voies en phénoménologie. En particulier, son œuvre ouvre la voie à une philosophie de la naissance, même si elle ne s’organise pas autour d’elle.
« La naissance de quoi que ce soit, écrit Renaud Barbaras dans sa préface, désignant l’événement et le moment de son avènement ne peut coïncider avec la présence de ce qui naît, sans quoi il serait toujours déjà et ne naîtrait donc pas. » C’est l’articulation entre l’appartenance au monde et la différence subjective qu’explore et construit Frédéric Jacquet dans cet essai nourri et ample, confrontant la démarche de Patočka à celle de Merleau-Ponty, Maldiney et Ricoeur.
Le sujet appartient de part en part au monde tout en s’en distinguant : c’est dans ce cadre qu’il faut lire les notations de Patočka sur la naissance, celle-ci étant l’identité réalisée d’une appartenance, sous l’espèce de la filiation biologique et ontologique, et d’une rupture, synonyme de la venue d’une liberté au monde qui est aussi une liberté pour le monde.
Cette philosophie de la naissance, appelée par la phénoménologie, contribue à ce que l’auteur appelle une « anthropophénoménologie », où la question de la mort se trouve investie d’une manière inédite.
Frédéric JACQUET
Est l’auteur de Naître au monde. Essai sur la philosophie de Mikel Dufrenne. Ses recherches portent sur la phénoménologie contemporaine.