Qu’est-ce que l’on attend lorsque l’on se plaint ? Comment la plainte peut être transformée quand elle est partagée, reçue, accueillie ? Où est la frontière entre l’oubli et le souci de soi ? Comment placer ce souci de soi par rapport à autrui, au monde ? Comment la parole agit-elle, libère-t-elle de l’oppression ?
Une plainte triste et impuissante émane de nos temps bouleversés. Nous assistons, aujourd’hui, à une psychologisation du social qui évacue la nécessaire analyse de ce qui produit tant de souffrances chez les plus fragiles. Or, notre volonté de vivre une solidarité avec ceux que des blessures intimes et sociales enferment dans la fatalité incite à une réflexion constante sur la normativité qui habite nos regards et nos actes. Il convient donc de regarder les possibilités d’une sortie de la plainte afin qu’émergent des individus réellement acteurs de leur existence et soucieux du bien commun. Une telle démarche appelle une éthique du souci de soi, une analyse des contextes anxiogènes, une réflexion sur les types de parole à promouvoir et une véritable « esthétique de la solidarité » : un ensemble d’outils conceptuels pour apprendre à regarder ce qui, malgré les souffrances sociales et les misères de toutes sortes, se manifeste comme expérience de libération, comme beauté existentielle au cœur des réalités sociales.
Illustré d’exemples simples, parlants, tirés de la vie quotidienne ou de la littérature, l’ouvrage de Fred Poché aborde de manière féconde des questions complexes et sensibles aux confluences de la philosophie, de l’éthique et de la politique que notre société de plus en plus inégalitaire ne pourra éluder.