Au XVIIe siècle, les expérimentateurs fouillaient dans les entrailles des animaux vivants sans penser à la torture. Au XVIIIe siècle, la volonté d’en finir avec la vivisection est l’expression d’un intolérable au sein des sociétés occidentales : le supplice des condamnés fait problème. Sur un versant, la critique du système pénal a permis l’apparition de la vivisection animale dans le champ de la perception sociale. Il suffi t de voir le corps du condamné dans la bête sacrifiée pour que l’on prête un tel pouvoir d’évocation aux expériences vivisectrices. Sur un autre versant, quelques philosophes ont proposé un programme audacieux : étendre les vivisections aux criminels. Cette idée fut largement divulguée dans l’Encyclopédie. Que l’aversion pour la vivisection animale exprime l’horreur du châtiment sans que l’on soit pour autant hostile aux vivisections humaines, c’est le paradoxe qu’il faudra dissiper.
Société Française de Philosophie – Bulletin de la Société Française de Philosophie
32 pages – 15,5 × 24 cm
ISBN 978-2-7116-5075-0 – octobre 2015