e terme « technoscience », abondant dans les discours militants et journalistiques, absent des discours internes aux pratiques scientifiques, parfois utilisé par des philosophes ou des sociologues, est récent.
Le substantif apparaît au milieu des années soixante-dix. Il est souvent chargé d’affects et d’une axiologie implicite : il constitue souvent une arme de lutte (nommer les phénomènes techniques et/ou scientifiques de ce nom c’est déjà, dans bien des contextes, les « dénoncer »), mais est-il aussi le lieu d’une élaboration conceptuelle précise et consistante pour accueillir ce qui nous arrive et qu’on désigne ainsi ? Et ce qui nous arrive sous ce nom est-ce, localement, une reconfiguration de la représentation des rapports entre sciences et techniques, ou bien aussi, plus largement, une manière nouvelle d’expérimenter quelques énigmes fondamentales (comme celle de l’Invention, ou bien encore celle de la Puissance) ? On veut manifester dans ce livre l’ambiguïté fondamentale d’une « figure » aux facettes multiples – la technoscience –, qui traverse les registres de l’épistémologique, de l’économique et du politique, pour assumer des inflexions proprement métaphysiques et même eschatologiques.
François-David Sebbah : Qu’est-ce que la technoscience ? Une thèse épistémologique ou la fille du diable ?
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