L’espace de la mobilisation est celui d’une exposition totale. Peu importe ce que je suis en train de faire, et où je suis en train d’aller : ce qui compte, c’est que je sois toujours présent, prêt à me laisser atteindre par des requêtes, des informations et des communications. Cette disponibilité est rendue possible par les moyens de la télétechnologie : un ensemble intégré de médias tendant à éliminer l’élément de la médiation dans notre rapport au monde. Tout ce qui est utile doit pouvoir se présenter immédiatement : telle est la loi de la mobilisation que l’espace schizotopique rend effective. Toute portion de l’espace devient un lieu de convergence.
Dans l’espace schizotopique, ce qui s’efface, c’est le seuil. Lorsque le seuil s’évanouit, la mobilité, l’accès et l’immédiateté gagnent en efficacité. Sont alors perdus l’hésitation éduquée, la crainte et la précaution avec lesquelles on s’avance, le temps d’arrêt que l’on marque respectueusement. Ainsi, disparaît la légitimité d’une sphère en droit d’être protégée du trafic des informations, des injonctions, des sollicitations auxquelles rien ni personne ne semble aujourd’hui être en mesure d’échapper.
Car là où disparaît le seuil, il n’y a plus à demander : « Puis-je entrer ? »