En décrivant le phénomène de la perception, la phénoménologie entreprend de remonter du monde où nous nous trouvons vers la source de l’apparaître, vers la conscience intentionnelle qui anime une matière sensible pure. Mais comment alors est-il possible de rendre compte de la donation de cette matière première ?
Une première voie consiste à se satisfaire d’une conception transcendantale de la chair qui permet un sentir pur. Une deuxième voie propose de remonter en-deçà, en direction d’un événement grâce auquel il y aurait du sensible. La chair a alors pour fonction d’assurer le passage entre cette première donne du sensible et le monde tel que nous le constituons. Cette deuxième voie semble aujourd’hui privilégiée. Mais elle pose la question de savoir comment articuler les deux sens de la chair, événemential et expressif, afin d’en éviter la déchirure. L’exploration du corps érotique permet-elle de réconcilier la chair avec elle-même pour ainsi nous livrer le secret de notre condition sensible ?
Telle est l’interrogation qui guide cet ouvrage, qui s’appuie sur les ressources offertes par la phénoménologie jusque dans ses développements les plus contemporains pour en éclairer les enjeux.