Du « monde clos » d’Aristote, Épicure revient à l’« univers infini » de Démocrite, qu’il peuple, comme lui, de mondes innombrables, naissant et périssant. Mais la créativité de la nature, son pouvoir générateur de mondes et de toutes sortes d’êtres viables, requièrent, pour être pensés, plus que le hasard et la nécessité démocritéens. La nature n’est créatrice que par ce qu’elle recèle en elle d’aléatoire. Ce qui a lieu n’est jamais complètement déterminé par ce qui a eu lieu. Entre le passé et l’avenir, d’innombrables traits de génie de la nature font à tout instant la différence. Grâce à la « déclinaison » de l’atome — propriété de vie qui s’ajoute aux propriétés mortes de l’atome de Démocrite —, la nature devient un champ infini d’initiatives, et son éternelle jeunesse peut être pensée.