Vrin, « Bibliothèque des Textes Philosophiques – Poche », 2013. 256 p., 11 × 18 cm. ISBN : 978-2-7116-0437-1
Idée reçue : le rire et la satire, qui sont actes de désespoir, sacrifient la philosophie à la gloriole littéraire; il ne s’imposait pas de lire Swedenborg, quand on s’appelle Kant.
Mais si, justement, il le fallait. À la demande même de la philosophie. Parce que la vision localise, le visionnaire soumet les esprits à l’espace; toute substance est quelque part : cet axiome de Crusius donne raison à Swedenborg. Si l’on ne se défait pas du primat de l’espace, il n’est pas de métaphysique qui ne s’expose à le rejoindre. Et comment s’en déferait-il, celui qui a écrit une Théorie du ciel fondée sur l’attraction? Une doctrine pour les griffons et une autre pour les chevaux? Une déduction de l’espace à partir de l’interaction? Mais qu’est-ce qui permet la liaison du divers? De sa thèse d’habilitation aux Rêves d’un visionnaire, Kant creuse un filon qui le mènera à la Dissertation de 1770. Navré que Mendelssohn ait ressenti comme une agression ce compte rendu ravageur, Kant explique : « à mon sens tout revient à chercher les données de ce problème : comment est-ce que l’âme est présente dans le monde, que ce soit aux natures matérielles ou aux autres qui sont de son espèce? ».
introduction, traduction et notes par F. Courtès